«Je serai la candidate de mon parti. C'est déjà fait, de fait. Il est impossible que je ne le sois pas.»

Hillary Clinton a prononcé ces mots hier lors d'une entrevue sur CNN, notant qu'elle avait reçu trois millions de voix de plus que Bernie Sanders et qu'elle avait «une avance insurmontable en nombre de délégués».

Mais elle n'a pas dit à son rival démocrate d'abandonner la course, comme certains de ses alliés démocrates le souhaitent. Elle aurait été assez mal placée pour le faire, si l'on se souvient de sa course contre Barack Obama en 2008. Certes, son retard sur Obama était beaucoup plus modeste en mai 2008 que ne l'est aujourd'hui celui de Sanders sur elle. Mais elle était déjà mathématiquement battue, et ce, malgré des victoires convaincantes en Virginie-Occidentale (le 13 mai) et au Kentucky (le 20 mai).

C'est d'ailleurs quelques jours après les primaires du 20 mai que Clinton avait utilisé un argument confondant ou révoltant pour justifier son maintien dans la course. Maintien qui faisait craindre le pire pour l'unité du parti. Ainsi, après avoir rappelé que son mari avait dû attendre la primaire de Californie tenue en juin pour revendiquer l'investiture démocrate en 1992, elle avait ajouté : «Nous nous souvenons tous que Robert Kennedy a été assassiné en Californie en juin.»

Kennedy est mort le 6 juin 1968, au lendemain de sa victoire lors de la primaire démocrate de Californie.

La déclaration de Clinton avait indigné l'entourage d'Obama, qui s'inquiétait déjà des menaces qui pesaient sur le premier candidat de couleur ayant une chance réelle d'être élu à la Maison-Blanche. À l'époque, l'unité entre les deux camps démocrates semblaient plus que compromises. De fait, quelques semaines plus tard, environ 40% des partisans de Clinton juraient ne pas avoir l'intention de voter pour Obama, selon un sondage. La plupart d'entre eux, encouragés par Clinton, ont fini par se rallier.

Aujourd'hui, 28% des partisans de Sanders disent qu'ils ne voteraient pas pour Clinton, selon un sondage New York Times/CBS News publié hier. Et leur favori n'a pas encore évoqué l'assassinat de RFK pour justifier son maintien dans la course jusqu'au 6 juin, date de la primaire de Californie et de cinq autres États...

Tout ça pour dire que la fin laborieuse et acrimonieuse de la course à l'investiture démocrate n'est pas un précédent. Pour ce qui concerne ce qui pourrait se passer après les primaires, le Washington Post évoque ici un scénario où le Parti démocrate pourrait répondre à au moins deux des revendications majeures du camp Sanders, à savoir des changements aux règles régissant les primaires et le calendrier des débats.

Lors de son interview sur CNN, Clinton a pour sa part qualifié de «sain» le débat que veulent tenir Sanders et ses partisans à l'occasion de la convention démocrate de Philadelphie afin d'obtenir des changements au programme du parti.