Il y aura bientôt un an, Donald Trump a lancé sa campagne présidentielle en accusant le Mexique d'envoyer aux États-Unis des violeurs, des trafiquants de drogue et autres criminels. Il a en outre promis de construire un mur à la frontière sud et d'envoyer la facture au Mexique.

Hier, lors d'une interview avec le Wall Street Journal, le promoteur immobilier en a remis une couche en affirmant que le juge fédéral Gonzalo Curiel ne peut présider au procès intenté par plusieurs étudiants contre la Trump University en raison de son «héritage mexicain». La semaine dernière, il avait insinué que le juge était «très hostile» à son égard parce qu'il était «Mexicain».

«Je construis un mur. C'est un conflit d'intérêt inhérent», a déclaré Trump au Wall Street Journal.

Né à East Chicago, dans l'Indiana, le juge Curiel a soulevé l'ire de Trump la semaine dernière en donnant le feu vert à la publication de certains documents déposés dans le cadre du recours collectif contre la Trump University. Dans un des témoignages, un ancien employé qualifie l'«université» de «stratagème frauduleux».

Comme on peut le lire dans cet article du New York Times, des juristes conservateurs s'inquiètent des attaques de Trump contre le juge Curiel, qui mettent en cause l'indépendance du système judiciaire et la séparation des pouvoirs. Selon eux, Trump ne semble pas comprendre que le président des États-Unis - ou un candidat à la présidence - ne peut se permettre de s'attaquer comme il l'a fait à un juge fédéral.

Au cours de la semaine, Trump s'en est également pris à la presse, leur reprochant ni plus ni moins de faire leur travail.

«C'est comme ça que l'autoritarisme commence», a commenté David Post, professeur de droit à la retraite.

Il y a aussi le racisme de Trump qui est en cause dans cette affaire. Suivant la logique tordue du candidat républicain, le juge Curiel, dont les parents sont nés au Mexique, ne peut présider au procès intenté contre la Trump University en raison des propos et idées toxiques du promoteur immobilier concernant les Mexicains.

Autrement dit, si Trump continue à dénigrer ou à menacer tous les groupes sociaux ou ethniques - les gais, les juifs, les Noirs, les Asiatiques, les femmes, les musulmans et tutti quanti -, il finira pas se placer complètement au-dessus de la loi. Car après tout, aucun juge appartenant à l'un de ces groupes n'aura selon lui l'indépendance et l'intégrité requises pour le juger.

(Photo AFP)