Déjà que la sentence de six mois de prison pour viol paraissait dérisoire. Il a fallu que son père en rajoute en se plaignant que la vie de son fils avait été ruinée par «20 minutes d'action» sous l'effet de l'alcool.

«J'étais toujours enthousiaste à l'idée de lui acheter un gros faux-filet ou de lui obtenir une de ses collations préférées», a déclaré Dan Turner devant le juge au sujet de son fils Brock, 20 ans, étudiant de l'Université Stanford, où il était une star de l'équipe de natation. «Maintenant, il ne consomme presque plus de nourriture et ne mange que pour exister. Ces verdicts l'ont brisé et démoli de nombreuses façons.»

Mais c'est la déclaration de 7 244 mots de la victime à son agresseur qui a peut-être le plus retenu l'attention après avoir été diffusée dimanche sur le site BuzzFeed et lu hier en entier par la journaliste Ashleigh Banfield de CNN (voir la vidéo qui coiffe ce billet). La jeune femme, qui n'a pas été identifiée, y dénonce non seulement la légèreté de la sentence mais également l'iniquité d'un système judiciaire entaché par un favoritisme à l'égard des hommes et des riches, et qui soumet en outre les victimes de viol à des questions insidieuses ou cruelles (Exemple : «Que portiez-vous ce soir-là?).

La jeune femme accuse aussi les responsables du système, dont le juge, de s'être davantage souciés du bien-être de son agresseur que du sien en prenant en considération l'effet que pourrait avoir une longue sentence sur ses études et sa carrière d'athlète.

«La vitesse avec laquelle Brock nage ne devrait pas diminuer la gravité de ce qui m'est arrivé et ne devrait pas diminuer la sévérité de son châtiment», a-t-elle déclaré.

La déclaration de la victime à son agresseur s'ouvrait sur ces mots : «Tu ne me connais pas mais tu a été en moi.»

«Je ne voulais plus de mon corps», ajoute-t-elle plus loin avant de contredire la déclaration de Brock Turner selon laquelle elle était consciente et consentante lorsqu'il lui a proposé un premier attouchement lors d'une soirée arrosée dans une fraternité étudiante de la prestigieuse université californienne, le 17 janvier 2015.