Hillary Clinton a encore du travail à faire pour recoller tous les morceaux de la coalition qui a permis aux démocrates de remporter les deux dernières élections présidentielles. Car même s'il ne faut pas surestimer l'importance des électeurs de Bernie Sanders qui refuseront de voter pour elle en novembre, il est indéniable qu'elle ne suscite ni l'enthousiasme ni la confiance chez un grand nombre de jeunes et d'indépendants.

Mais l'ancienne secrétaire d'État se trouve renforcée par les résultats du dernier «super mardi» de la course à l'investiture démocrate. En remportant la victoire dans quatre États sur six, dont les trois plus importants - Californie, New Jersey et Nouveau-Mexique -, elle prive son rival d'arguments importants pour contester son statut de candidate présumée du Parti démocrate à l'élection présidentielle.

Selon le décompte de l'Associated Press, Clinton a désormais récolté 2 184 délégués élus contre 1 804 pour le sénateur du Vermont. Elle finira donc la course avec la majorité des délégués élus (le District de Columbia sera le dernier à voter mardi prochain), majorité à laquelle il faut ajouter les 571 super-délégués qui lui ont déjà donné leur appui (d'autres devraient suivre d'ici la convention démocrate de Philadelphie, fin juillet).

Dans un discours à Brooklyn hier soir, Clinton a souligné la dimension historique de sa victoire, tendu la main à Sanders et à ses partisans et lancé quelques flèches en direction de Donald Trump. «Pour être grands, nous ne pouvons pas être petits», a-t-elle notamment déclaré lors d'une allocution où elle a pris soin de ne pas hausser la voix, ce que lui reprochent parfois certains commentateurs (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

Plus d'une heure avant que Clinton ne prenne la parole, Donald Trump a prononcé son propre discours de victoire, ayant été déclaré vainqueur dans les cinq États qui tenaient des scrutins républicains hier. Fait rare, il a utilisé un téléprompteur, un instrument qu'il a l'habitude de ridiculiser.

L'objectif était évidemment de tempérer le discours de Trump, qui traverse une période pénible depuis ses propos jugés racistes concernant le juge fédéral Gonzalo Curiel. Mais le promoteur immobilier n'en a pas moins introduit une nouvelle ligne d'attaque contre Clinton en l'accusant notamment d'avoir transformé le département d'État en «fonds spéculatif» et utilisé une messagerie privée pour cacher au public ses «transactions corrompues» avec des pays étrangers qui ont contribué au financement de la Fondation Clinton.

Il n'a fourni aucune preuve pour étayer ses allégations.

«Les Clinton sont devenus maîtres dans l'art de l'enrichissement personnel. Ils ont gagné des centaines de millions de dollars en vendant accès, faveurs et contrats gouvernementaux», a-t-il déclaré en annonçant qu'il prononcerait un discours la semaine prochaine sur ces sujets.

À noter que Bernie Sanders n'a pas concédé la victoire à Clinton hier soir. Dans un discours à Santa Monica, il a promis de continuer la lutte jusqu'à la convention démocrate de Philadelphie. Reste à voir si cette lutte portera sur le programme du Parti démocrate et les règles des primaires, ou si elle aura pour objectif de ravir à l'ancienne secrétaire d'État l'investiture démocrate.

Chose certaine, Sanders sera à Washington demain pour rencontre Barack Obama et Harry Reid, chef de file des démocrates au Sénat. Il est possible que ces rencontres soient le prélude à l'annonce de la fin de sa campagne, annonce qui se produirait le soir de la primaire du District de Columbia ou dans les jours qui suivront.