En 2011, Rajiv Fernando, riche courtier en valeurs mobilières de Chicago, a été invité par le département d'État américain à siéger au sein de son Conseil consultatif de sécurité internationale, qui conseille le ou la secrétaire d'État en matière d'armement nucléaire stratégique et autres questions sensibles d'ordre militaire.

Même s'il avait développé une expertise certaine dans les techniques de trading à haute fréquence, Fernando n'avait pas une feuille de route comparable à celle de plusieurs autres membres du Conseil, dont David Kay, ex-inspecteur des programmes irakiens d'armement, Brent Scowcroft, ex-conseiller de la Maison-Blanche à la sécurité nationale, Chuck Robb, ex-sénateur de Virginie, et William Perry, ex-chef du Pentagone.

Mais alors, pourquoi Fernando a-t-il été nommé au sein de cet organisme qui accorde à ses membres une autorisation de sécurité au plus haut niveau? La question est au coeur d'un reportage diffusé ce matin sur la chaîne ABC, qui a obtenu du groupe Citizens United des copies de courriels émanant du département d'État et obtenus grâce à la loi sur la liberté de l'information.

Les courriels indiquent que Cheryl Mills, chef de cabinet de Hillary Clinton au département d'État, a nommé Fernando au sein du Conseil consultatif. Ils ne précisent pas le rôle de Clinton dans cette affaire. Mais ABC révèle que Fernando est un important donateur de la Fondation Clinton, y ayant contribué entre 100 000$ et 250 000$ et qu'il avait également été un des bailleurs de fonds de la première campagne présidentielle de l'ancienne secrétaire d'État.

Un porte-parole de la campagne d'Hillary Clinton a refusé de répondre aux questions du journaliste Brian Ross d'ABC News. Un porte-parole du département d'État a indiqué de son côté que la charte du Conseil consultatif prévoyait l'inclusion de membres provenant de milieux variés et reflétant divers points de vue. Il a en outre précisé qu'il n'était pas rare que le chef de cabinet du secrétaire d'État se charge de la nomination des membres de ce conseil.

Brian Ross avait contacté le département d'État dès le mois d'août 2011 au sujet des qualifications de Rajiv Fernando. Il n'avait jamais reçu de réponses satisfaisantes. Mais les courriels obtenus par Citizens United démontrent que les questions de Ross avaient embêté le département d'État et mené à la décision de Fernando de démissionner du Conseil consultatif.

Rappelons que Citizens United est ce groupe conservateur qui a remporté devant la Cour suprême une cause qui a ouvert les vannes du financement électoral aux États-Unis.