Deux ans et 7 millions de dollars plus tard, une commission d'enquête de la Chambre des représentants a publié aujourd'hui un rapport final qui ne contient «aucune nouvelle preuve de culpabilité ou d'actes répréhensibles de la part d'Hillary Clinton relativement à l'attaque en Libye qui a coûté la vie à quatre Américains» le 11 septembre 2012, selon ce compte rendu du New York Times.

Le rapport de 800 pages épingle cependant le département d'État, le ministère de la Défense et la CIA - de même que leurs responsables - pour avoir minimisé les risques de sécurité à Benghazi et conservé dans cette ville des installations qu'ils ne pouvaient pas protéger.

«Il n'est pas clair quel renseignement additionnel aurait pu convaincre soit [le secrétaire d'État adjoint Patrick] Kennedy soit la secrétaire d'État que la mission de Benghazi était en danger, exception faite d'une attaque», peut-on lire dans le rapport.

«Les renseignements mis à la disposition de Kennedy et de la secrétaire d'État étaient clairs et pointus - Al-Qaïda, des groupes semblables à Al-Qaïda et d'autres extrémistes de la région avaient profité de l'absence de sécurité créée par le gouvernent libyen et son incapacité à contrôler la situation.»

En 2013, un rapport de la Chambre des représentants accusait déjà Kennedy d'avoir rejeté les demandes de sécurité du complexe de Benghazi dans les mois précédant l'attaque dont il a été la cible. Tout en assumant la responsabilité des conséquences de l'attaque, Clinton s'était défendue en disant que «les câbles relatifs à la sécurité n'étaient pas parvenus à mon attention ni à un niveau supérieur aux secrétaires d'Etat adjoints».

Le nouveau rapport reproche en outre à l'administration Obama d'avoir nui aux travaux de la commission d'enquête en refusant d'y collaborer de façon complète. Il ne remet cependant pas en question la conclusion de sept autres enquêtes américaines sur l'affaire Benghazi selon laquelle les forces militaires américaines basées en Europe n'auraient pu intervenir à temps pour sauver la vie de l'ambassadeur Christopher Stevens et des trois autres Américains.

Deux représentants républicains ont ajouté leurs propres conclusions au rapport, reprochant notamment à Clinton et à d'autres membres de l'administration Obama d'avoir menti sur la nature de l'attaque contre la mission américaine de Benghazi pour ne pas nuire à la réélection d'un président qui se vantait de ses succès contre le terrorisme.

Taxée de partisanerie par les démocrates, la commission d'enquête de la Chambre à majorité républicaine a mis à jour une controverse qui n'avait rien à voir avec Benghazi mais qui plombe encore aujourd'hui la campagne présidentielle de Clinton, à savoir son utilisation exclusive d'une messagerie privée alors qu'elle était secrétaire d'État.

Les démocrates ont présenté hier leur propre rapport sur l'affaire Benghazi, soulignant que l'enquête de la Chambre avait duré plus longtemps que celles sur les attentats du 11-Septembre, l'attaque contre Pearl Harbour et l'assassinat de JFK, entre autres. Hollywood a même eu le temps de commencer et de terminer un film - 13 Hours - sur cette tragédie pendant les travaux de la commission.