Deux élus républicains de la Chambre des représentants ont demandé hier au procureur fédéral du district de Columbia d'ouvrir une enquête pour déterminer si Hillary Clinton s'est parjurée lors d'une audition devant un comité du Congrès concernant son recours à un serveur privé lorsqu'elle était secrétaire d'État.

Et c'est ici que l'Emailgate se transforme en Emailghazi, une énième tentative des républicains du Congrès de détourner les institutions du gouvernement à des fins purement politiques, et plus précisément pour nuire à la candidate démocrate à la présidence.

Un rappel : en octobre 2015, Clinton a déclaré devant le Congrès qu'aucun document «marqué comme étant classifié» n'avait transité par son serveur privé. Selon les républicains, elle a commis ce jour-là un parjure.

La semaine dernière, lors d'une audition devant le Congrès, le directeur du FBI James Comey a apporté des précisions sur cette question. Selon lui, l'enquête de la police fédérale a révélé que trois courriels (sur 30 000) contenaient la notation «C», pour confidentiel, le niveau de classification le moins élevé, quelque part au milieu du texte.

Comey a ajouté qu'il était possible que Clinton «n'ait pas compris ce qu'un ''C'' signifiait lorsqu'elle l'a vu dans le corps d'un courriel». Le département d'État a plus tard précisé que deux courriels avaient été marqués comme étant classifiés de façon erronée.

Disons que les preuves d'un parjure ne sont pas des plus concluantes.

Comey, rappelons-le, a décidé de ne pas poursuivre Clinton pour ses courriels, tout en affirmant qu'elle avait fait preuve d'une «extrême négligence» dans sa gestion de documents classés. Lors de son audition devant le Congrès, il a non seulement défendu cette décision mais également accordé du crédit à l'une des défenses de Clinton dans cette affaire, à savoir qu'elle avait vraisemblablement eu recours à un serveur privé pour des raisons de commodité et non pour soustraire ses communications à la curiosité des médias et du Congrès.

Comey, dont l'intégrité était vantée par les républicains avant l'annonce de sa décision, est attaqué ces jours-ci par ces derniers pour manquement à son devoir.

Et un autre procès de Salem commence, pour emprunter un bout du titre qui coiffe cette chronique publiée aujourd'hui dans le Washington Post.