L'attention des médias se déplacera de Munich à Miami aujourd'hui.

Plusieurs journalistes et républicains ont conclu hier que la tuerie de Munich apportait de l'eau au moulin de Donald Trump, qui avait rangé le terrorisme islamique parmi les maux qui affligent la planète et les États-Unis. En fait, selon les dernières informations, la fusillade qui a fait neuf morts est l'oeuvre d'un forcené souffrant de problèmes psychologiques qui a voulu établir un lien avec le massacre d'Anders Behring Breivik commis il y a tout juste cinq ans, comme on peut le lire dans cet article de l'AFP.

Trump ajoutera-t-il l'islamophobie parmi les plaies dont il veut guérir le monde?

Autre question : pourquoi Hillary Clinton a-t-elle choisi comme colistier le sénateur de Virginie Tim Kaine, avec lequel elle participera aujourd'hui à un premier rassemblement à Miami? Plusieurs commentateurs ont conclu que la sélection de cet homme compétent, expérimenté et modéré, voire ennuyeux, prouvait que la candidate démocrate était convaincue de n'avoir pas besoin de prendre de risque ou de courtiser la gauche pour remporter l'élection présidentielle.

Il y a sans doute du vrai dans cette analyse, tout comme il ne faut pas négliger l'explication de l'ancienne secrétaire d'État : elle voulait comme colistier un partenaire pour gouverner. Un partenaire avec lequel elle se sentirait à l'aise pendant au moins quatre ans à la Maison-Blanche et qui aurait le type de personnalité pour jouer le rôle de vice-président, ce qui n'aurait pas nécessairement pas été le cas pour Elizabeth Warren, par exemple.

Mais Kaine risque d'avoir un impact sur le plan électoral. Certains partisans de Bernie Sanders et groupes progressistes sont déçus par sa sélection, trouvant notamment à redire de son vote en faveur de pouvoirs accrus pour Barack Obama en matière de traités commerciaux (il dit aujourd'hui être opposé au Partenariat transpacifique). Ses liens avec le monde bancaire et l'élite démocrate (il a été président du Comité national du parti) le rendent également suspects aux yeux de certains éléments de la gauche.

Mais Kaine présente certains atouts pour l'électorat centriste qui semble désintéresser Trump, à en juger par sa convention à Cleveland. Né au Minnesota il y a 58 ans, le futur candidat à la vice-présidence a grandi au Missouri au sein d'une famille catholique irlandaise dont le paternel était directeur d'une petite fonderie. Il pourrait aider Clinton auprès des hommes blancs, sa grande faiblesse. Ancien missionnaire au Honduras, ce diplômé de l'école de droit de Harvard parle couramment l'espagnol, ce qu'il devrait avoir l'occasion de démontrer aujourd'hui à Miami. Il a également été maire (de Richmond), de même que gouverneur et sénateur de la Virginie, un État clé. Et il a une bonne expérience en matière de sécurité nationale, étant membre des commissions du Sénat sur les Forces armées et les Relations étrangères.

L'équipe de Clinton fait aussi valoir que Kaine est un véritable progressiste qui a remporté des victoires en Virginie contre l'industrie du tabac, du charbon et la NRA.

Donald Trump n'a pas tardé de trouver un surnom au colistier de sa rivale : «Corrupt Kaine». Sur Twitter, il a fait allusion aux cadeaux reçus par Kaine de 2002 à 2009, lorsqu'il était lieutenant-gouverneur et gouverneur de Virginie. La loi de l'État permettrait aux élus d'accepter ces cadeaux, autant qu'ils soient déclarés, ce que Kaine a fait.

Le successeur de Kaine au poste de gouverneur de Virginie, Robert McDonnell, a été reconnu coupable en 2004 d'avoir reçu des cadeaux et des prêts d'un homme d'affaires en échange d'un coup de pouce promotionnel de la part de McDonnell pour les compagnies de l'entrepreneur. McDonnell avait en outre omis de déclarer des cadeaux et des prêts.