Hillary Clinton ne s'est pas approchée des hauteurs rhétoriques atteintes par Michelle ou Barack Obama, qui ont prononcé les deux meilleurs discours de la convention démocrate de Philadelphie. Malgré ses années passées sur la scène politique, elle n'a pas appris à détendre son visage ou à moduler sa voix pendant qu'elle s'adresse à une foule.

Mais l'ancienne secrétaire d'État, toute de blanc vêtue, avait bel et bien un air présidentiel hier soir en devenant la première femme à accepter l'investiture d'un grand parti américain pour la présidence. Et elle n'a pas manqué de se servir des propres mots de Donald Trump pour mettre de la chair autour de son slogan «Plus forts ensemble» (Stronger together). Je cite un extrait clé de son discours somme toute solide :

«Ne laissez personne vous dire que notre pays est faible. Nous ne le sommes pas. Ne laissez personne vous dire que nous n'avons pas les atouts. Nous les avons. Et par dessus tout, ne croyez personne qui dise : ''Je suis le seul à pouvoir régler ça.'' Ce sont les paroles utilisées par Donald Trump à Cleveland. Et ils devraient sonner l'alarme pour nous tous.

«Vraiment? Je suis le seul à pouvoir régler ça? N'oublie-t-il pas les soldats sur la ligne de front? Les policiers et les pompiers qui courent devant le danger. Les docteurs et les infirmières qui prennent soin de nous. Les enseignants qui changent des vies. Les entrepreneurs qui voient des occasions dans chaque problème. Les mères qui ont perdu des enfants à cause de la violence et qui lancent des mouvements pour assurer la sécurité de leurs enfants. Il oublie chacun d'entre nous. Les Américains ne disent pas : ''Je suis seul à pouvoir régler ça.'' Nous disons: ''Nous réglerons ça ensemble''.»

Clinton a également marqué des points en affirmant que Trump n'avait pas le tempérament pour assumer les responsabilités de commandant en chef :

«Donald Trump ne peut même pas enduré les difficultés d'une campagne présidentielle. Il perd son sang-froid à la moindre provocation. Quand il a reçoit une question difficile d'un journaliste. Quand il est contredit dans un débat. Quand il voit un manifestant lors d'un rassemblement. Imaginez-le dans le Bureau ovale dans une vraie crise. Un homme que vous pouvez provoquer avec un tweet n'est pas un homme à qui vous pouvez confier des armes nucléaires.»

Mais le discours le plus émouvant de la dernière soirée de la convention démocrate de Philadelphie a sans doute été prononcé par Khizr Khan, un Américain d'origine pakistanaise dont le fils Humayun est mort au combat à 27 ans en 2004 en Irak. Si Donald Trump avait eu gain de cause, a-t-il expliqué, un patriote de confession musulmane comme Humayun n'aurait pas pu vivre aux États-Unis et servir son pays dans les forces armées en tant que capitaine.

Puis, en sortant une copie de la Constitution américaine de la poche intérieure de son veston, Khan a déclaré, en s'adressant au candidat républicain : «Donald Trump, vous demandez aux Américains de vous faire confiance avec (leur) avenir. Laissez-moi vous demander : avez-vous lu la Constitution des États-Unis? Je vous prêterai avec plaisir ma copie. Avez-vous visité le cimetière d'Arlington? Allez voir les tombes des courageux patriotes qui sont morts en défendant l'Amérique. Vous allez voir tous les religions, genres et origines. Vous n'avez sacrifié rien ni personne.»