Stop the presses! Donald Trump a admis une erreur! Au cours des deux derniers jours, le candidat républicain à la présidence a affirmé avoir vu une vidéo «top-secrète» réalisée par le gouvernement iranien et montrant un avion d'où émergent les 400 millions de dollars en argent liquide remis par le gouvernement américain à Téhéran le jour de la libération de quatre détenus américains de prisons iraniennes.

Lors de rassemblements en Virginie et au Maine, Trump a déclaré que les Iraniens avaient donné cette vidéo aux Américains pour «se moquer de notre pays» et de «notre président incompétent» (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

Ce matin, après que les médias eurent souligné que cette vidéo n'existait pas, Trump a admis dans un tweet publié ce matin avoir erré, ce qui est sans doute une première depuis le début de sa campagne présidentielle : «L'avion que j'ai vu à la télévision était l'avion des otages à Genève, pas l'avion transportant les 400 millions de dollars pour l'Iran!»

Il faut croire qu'un conseiller de Trump l'a convaincu qu'il était en train de bousiller une bonne ligne d'attaque en y greffant un mensonge (ou une invention*) facile à démonter. Cette ligne d'attaque veut que l'administration Obama ait versé une rançon pour obtenir la libération des prisonniers américains.

Lors d'une conférence de presse au Pentagone, hier, Obama s'est étonné de cette ligne d'attaque concernant le remboursement d'une dette remontant au temps du Shah d'Iran et annoncé par lui-même en janvier dernier au moment de la libération des prisonniers. Il a déclaré que l'accord sur le nucléaire iranien avait créé les conditions diplomatiques permettant les règlements de ce contentieux et de la question des prisonniers.

Il a admis que l'article du Wall Street Journal contenait un fait qui n'avait pas été dévoilé en janvier : les 400 millions de dollars ont été remis en argent liquide et en devises étrangères, car, a-t-il précisé, les États-Unis n'avaient pas de relations bancaires avec l'Iran et ne pouvaient leur virer ces fonds.

Et il a répété que les États-Unis n'avaient pas abandonné leur politique de ne pas verser de rançons pour obtenir la libération d'otages ou de prisonniers. À vous de juger la crédibilité de ses propos :

* Dans un article publié ce matin dans le Washington Post, Fareed Zakaria fait la distinction entre les mensonges et les inventions (la bullshit, selon son mot) qui peuvent sortir de la bouche d'un candidat. Il qualifie de Trump d'«artiste de la bullshit». À la différence d'un menteur, qui sait très bien où se situe la vérité, un artiste de la bullshit s'en fout. Il est déconnecté de la réalité, ce qui fait de lui un être plus dangereux que le menteur, selon Harry Frankfurt, auteur de l'essai On Bullshit, auquel Zakara fait référence.