Comment expliquer les violences qui ont éclaté à Milwaukee après la mort d'un Afro-Américain armé tué par un policier noir? Selon les citoyens du quartier noir où le drame s'est produit samedi et où des commerces ont été incendiés et des voitures brûlées depuis, la réponse ne tient pas seulement à cette mort mais à des décennies de tensions raciales qui ont fini par éclater dans cette ville de 600 000 habitants.

Ces tensions n'ont pas seulement pour origine les relations entre les Afro-Américains et les policiers de Milwaukee, qui se sont envenimées en 2014 après la mort d'un Noir non armé tué par un agent blanc (selon le policier, qui n'a pas été inculpé, l'homme avait tenté de s'emparer de sa matraque, un fait contredit par des témoins). Ces tensions proviennent aussi de maux sociaux alimentés par un système éducatif et une situation économique qui marginalisent les Noirs.

Dans cet article, le New York Times tente de fournir un contexte plus large aux événements qui secouent la plus grande ville du Wisconsin. J'en cite une extrait :

«Milwaukee est l'une des villes américaines où la ségrégation raciale est la plus sévère aux États-Unis. Les hommes noirs y sont incarcérés ou chômeurs à des taux parmi les plus élevés au pays, et la différence entre les citoyens noirs et blancs sur le plan de la pauvreté y est environ une fois et demie supérieure à la moyenne nationale. Il y a des terrains vagues et des maisons délabrées partout dans le secteur nord de la ville peuplé principalement par les Noirs, alors que des foules en grande partie blanches fréquentent les restaurants et les boutiques du centre-ville ou habitent les tours luxueuses qui longent le lac.»

Les relations entre les Noirs et les policiers de Milwaukee ne font qu'exacerber la ségrégation raciale. Le Times cite Cedrick Jackson, un policier afro-américain retraité qui déplore l'inaction de ses anciens supérieurs face aux accusations de mauvais traitements formulées par des citoyens noirs à l'encontre de la police. Selon Jackson, les policiers blancs «voient les Noirs comme inférieurs à eux ou comme des animaux ou comme des gens ne méritant pas le respect».

De son côté, le shérif afro-américain du comté de Milwaukee, David Clarke, coqueluche de Fox News, a mis les violences de samedi à Milwaukee sur le compte de la «faillite des politiques urbaines progressistes», comme on peut le lire dans cet article du Washington Post.

«L'ordre social à Milwaukee s'est complètement effondré samedi soir. Et quand l'ordre social s'effondre, un comportement tribal prend le dessus. Et quand le comportement tribal prend le dessus, la loi de la jungle remplace la règle de droit, c'est pourquoi vous vous retrouvez avec ce que vous avez vu», a dit le shérif aujourd'hui sur Fox News Business.