«Qu'avez-vous à perdre en essayant quelque chose de nouveau comme Trump? Qu'avez-vous à perdre? Vous vivez dans la pauvreté, vos écoles ne sont pas bonnes, vous n'avez pas d'emplois, 58% de votre jeunesse est au chômage, qu'avez-vous à perdre?»

Donald Trump a prononcé ces mots hier au Michigan devant un auditoire composé presque exclusivement de Blancs. Il s'adressait pourtant aux Afro-Américains, qui lui préfèrent massivement Hillary Clinton. Tentait-il honnêtement de les courtiser? Ou essayait-il de séduire par la bande les électeurs blancs modérés en se montrant ouvert aux minorités?

Il est entendu que plusieurs Noirs n'ont pas dû apprécier le ton condescendant de Trump, qui associe leurs problèmes à leur adhésion aveugle au Parti démocrate. L'immense majorité d'entre eux sont satisfaits de la performance de Barack Obama, qui serait encore supérieure à leurs yeux si le premier président afro-américain n'avait pas été systématiquement opposé par les républicains du Congrès et de plusieurs États conservateurs pour des raisons qui ne sont pas étrangères selon eux à la couleur de sa peau.

Il est entendu aussi que plusieurs Noirs n'ont pas dû se reconnaîtront dans le portrait brossé par Trump. Trois quarts d'entre eux ne vivent pas «dans la pauvreté», un pourcentage semblable à celui des Hispaniques. Ils travaillent et contribuent à la société, tout comme une partie importante de ceux qui vivent effectivement dans la pauvreté. Mais ils ne sont associés qu'à la criminalité, la pauvreté et l'échec dans les nouveaux discours de Trump.

Quant à la donnée voulant que 58% de la jeunesse soit au chômage, elle est vraie si l'on tient compte de tous les jeunes Afro-Américains, y compris ceux qui fréquentent les écoles secondaires du pays.

Bref, le message de Trump aux Afro-Américains risque de rater sa cible officielle. Mais il plaît déjà à certains Blancs. «J'ai attendu toute ma vie pour entendre un tel discours», a écrit Ann Coulter sur Twitter après le premier discours de Trump à l'intention des Afro-Américains.