L'Associated Press a publié hier une «analyse» qui fait mal paraître Hillary Clinton : selon l'agence de presse, plus de la moitié des personnes qui n'appartenaient pas au gouvernement et qui ont rencontré Clinton lorsqu'elle était secrétaire d'État (sur un total de 154) ont fait des dons à la Fondation Clinton.

Le hic, c'est que cette donnée n'est frappante que si l'on exclut le millier de personnes et plus appartenant à des gouvernements, américain ou étrangers, qui ont rencontré Clinton au cours de la même période. La donnée exclut aussi tous les journalistes, représentants d'ONG et autres personnes avec lesquels la secrétaire d'État a eu des rencontres au cours de ses nombreux déplacements à l'étranger.

Qu'à cela ne tienne : l'AP insinue que l'ancienne secrétaire d'État a accordé un traitement de faveur à ceux qui avaient donné de l'argent à la Fondation créée par son mari. L'agence de presse s'étend tout particulièrement sur le cas de l'économiste Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix 2006 et pionnier du micro-crédit, qui avait maille à partir avec le gouvernement du Bangladesh, son pays d'origine. Après des contacts avec Yunus, Clinton a demandé à ses adjoints de lui donner un coup de main.

Il faut noter que l'intérêt de Clinton pour le micro-crédit précédait la création de la Fondation Clinton. Il faut aussi préciser que Yunus était une sommité mondiale à laquelle la plupart, sinon tous les secrétaires d'État auraient voulu accorder de l'attention. Où est donc le scandale? Quand il s'agit des Clinton, le scandale est parfois là où il n'y en pas.

L'AP fournit d'autres exemples encore moins convaincants de conflits d'intérêts entre le département d'État sous Clinton et la Fondation Clinton. L'agence de presse aurait pourtant pu faire la même analyse avec les prédécesseurs de Clinton et déterminer qu'ils ont rencontré un nombre X de personnes ayant financé la campagne des présidents qui les ont nommés. Mais ce ne serait peut-être pas aussi vendeur.

NBC News y est également allé d'une histoire tendancieuse hier sur la Fondation Clinton. La chaîne a rappelé que la fondation avait reçu des dons de 17,6 millions de dollars sur cinq ans d'une université à but lucratif, le genre d'entreprises que dénonce Hillary Clinton en tant que candidate à la présidence.

NBC News aurait pu conclure que l'argent versé à la Fondation Clinton ne permettait pas d'obtenir l'appui automatique de la candidate démocrate à la présidence. La chaîne a plutôt choisi d'accuser Hillary Clinton d'hypocrisie, comme quoi elle ne peut jamais gagner.

Entendons-nous : la Fondation Clinton crée un problème réel d'apparence de conflits d'intérêts. Un problème qui pourrait être réglé en fermant cette fondation. Mais force est de constater que les médias ont dû mal ces jours-ci à prouver l'accusation principale des républicains au sujet de la Fondation Clinton, à savoir qu'il suffisait lui verser de l'argent pour obtenir des faveurs auprès du département d'État sous Hillary Clinton.

Autrement dit : poussons, mais poussons égal.