Il y a un peu plus de deux semaines, Colin Powell confiait au New York Post qu'il avait envoyé une note à Hillary Clinton sur l'utilisation d'un compte de courriel personnel un an après l'entrée en fonction de cette dernière en tant que secrétaire d'État. Son commentaire laissait croire que Clinton avait menti lorsqu'elle a dit aux enquêteurs du FBI que Powell lui avait conseillé d'utiliser un compte de courriel personnel dès son arrivée au département d'État.

«Le vérité est qu'elle utilisait (un compte personnel) depuis un an avant que je lui envoie une note lui disant ce que j'avais fait (comme secrétaire d'État)», avait-il dit au Post. «Son entourage essaie de me faire porter la responsabilité de son choix.»

On n'accusera pas Powell d'avoir menti. Mais s'il n'a pas menti, sa mémoire est défaillante. Mercredi, les démocrates de la Chambre des représentants ont rendu public une envoyée par Powell à Clinton deux jours après l'arrivée de cette dernière au département d'État. Dans cette note, l'ancien secrétaire d'État de George W. Bush explique à Clinton comment il a utilisé un ordinateur personnel pour envoyer et recevoir des courriels sans avoir à passer par le serveur du département d'État, histoire de ne pas avoir à se plier à la loi sur l'archivage des documents gouvernementaux.

Clinton a déclaré au FBI que les conseils de Powell n'avaient pas pesé dans sa décision d'utiliser une messagerie privée lorsqu'elle était secrétaire d'État, une décision qu'elle qualifie aujourd'hui d'erreur. Mais les conseils de Powell à Clinton font partie des trois raisons qui ont poussé le Washington Post à publier un éditorial concluant que l'affaires des courriels de Clinton avait pris des proportions démesurées dans la campagne présidentielle. «Il semble maintenant que Powell se soit comporté de façon similaire», écrit le Post.

Une autre raison invoquée par le Post tient aux récents commentaires du directeur du FBI, James Comey, à son personnel, commentaires selon lesquels la décision de ne pas poursuivre Clinton n'avait pas constitué un «suspense» et que ceux qui déchirent aujourd'hui leur chemise à ce sujet ne savent pas de quoi ils parlent. La troisième raison concerne les 30 courriels retrouvés par le FBI touchant à l'affaire de Benghazi.

À une exception près, ces courriels étaient des copies de messages déjà rendus publics par le département d'État. L'exception concerne les éloges d'un ambassadeur américain à Clinton après l'une des auditions de cette dernière devant le Congrès sur l'affaire de Benghazi.

En amorce de son éditorial, le Washington Post fournit deux exemples du dérapage national autour des courriels de Clinton : le temps exagéré que le modérateur Matt Lauer a consacré à cette question lors du forum sur la sécurité nationale mercredi soir; et le commentaire récent du quart-arrière des 49ers de San Francisco Colin Kaepernick sur le choix qui se présente aux Américains en novembre. «D'un côté, vous avez un candidat ouvertement raciste» a-t-il dit. De l'autre, vous avez une candidate qui «a supprimé des courriels et fait des choses illégalement... Cela n'a pas de sens, car si c'était une autre personne, elle serait en prison».

La réplique du Post : «En fait, les courriels de Clinton ont été soumis à un examen plus rigoureux que ceux d'une personne ordinaire, et le dossier criminel contre elle était si mince que de la poursuivre aurait été de la traiter de façon très différente.»

Le journaliste Jonathan Chait du magazine New York a publié hier un billet qui utilise des arguments semblables à ceux du Post tout en explorant les raisons pour lesquelles une partie importante des Américains refusent de voir en Clinton «une politidienne imparfaite mais normale».