Donald Trump et Hillary Clinton ont réagi hier et avant-hier à la mort de Terence Crutcher, cet Afro-Américain abattu par une policière de Tulsa, dans l'Oklahoma, mort qui a précédé celle de Ketih Lamont Scott, un Afro-Américain tué par un policier de Charlotte dans des circonstances contestées qui ont contribué hier à une deuxième nuit de manifestations violentes.

Le candidat présidentiel du Parti républicain a froissé le plus grand syndicat de policiers américain en affirmant que la policière de Tulsa, Betty Shelby, avait peut-être succombé à la nervosité ou à la pression (il a utilisé le mot choke) lorsqu'elle a ouvert le feu sur Crutcher. Il a prononcé ces mots dans une église noire de Cleveland.

Plus tard dans la journée, Trump s'est dit en faveur de la pratique policière appelée «stop-and-frisk» pour réduire la violence dans les villes américaines. Déclarée inconstitutionnelle à New York, cette pratique consiste à interpeller et à fouiller les piétons jugés suspects d'activités illégales. Selon une juge new-yorkaise, elle est discriminatoire envers les jeunes noirs et latinos. Son efficacité a toujours été contestée et son abandon n'a pas empêché le taux de criminalité de New York à diminuer encore davantage.

Il est pour le moins curieux que Trump prône le recours à une pratique policière presque universellement dénoncée par les Afro-Américains avec lesquels il tente un rapprochement.

La candidate démocrate à la présidence, de son côté, a qualifié d'«insoutenable» et d'«inacceptable» la mort de Terence Crutcher à Tulsa. Elle a lancé un appel à la mise en place de normes nationales pour aider les policiers à prévenir des situations comme celles qui ont mené à la mort de Crutcher et de Keith Lamont Scott à Charlotte.

Clinton a également dénoncé le «racisme systémique» qui persiste aux États-Unis, une réalité que les Noirs connaissent bien et que les Blancs doivent comprendre selon elle.

«Ce qu'elle dit, c'est que l'ensemble du pays doit réfléchir à cette question. Il est clair que le système de justice ne traite pas tout le monde de façon égale», a déclaré le directeur de campagne de Clinton, Robby Mook, sur CNN.

À noter que la mairesse de Charlotte, Jennifer Roberts, a indiqué hier qu'elle visionnerait aujourd'hui une vidéo de l'intervention policière qui a mené à la mort de Scott. Le chef de police de Charlotte, Kerr Putney, a invoqué des raisons juridiques pour justifier son refus de diffuser la vidéo. Ce matin, la mairesse a déclaré que cette vidéo pourrait être rendue publique à une date indéterminée.

«La transparence serait utile si la vidéo est claire, et si elle montre les différentes étapes de ce qui est arrivé au cours de cette soirée», a-t-elle dit ce matin sur NPR. «Je ne sais pas encore si la vidéo est concluante.»

Selon la police, Scott était armé et a ignoré plusieurs avertissements de laisser tomber son arme avant d'être abattu par un policier en civil. Les membres de la famille de Scott et des témoins ont nié cette version des faits.