Début octobre, le directeur du FBI James Comey n'avait pas d'objection à ce que les agences de renseignement américaines et le ministère de la Sécurité intérieure publient un communiqué accusant le gouvernement russe de mener une campagne de piratage informatique ciblant des organisations et responsables démocrates afin d'influencer l'élection présidentielle.

Mais il ne voulait pas que son agence soit associée publiquement à ce communiqué. Pourquoi? Parce qu'il craignait qu'une telle démarche soit interprétée comme étant trop partisane à près d'un mois de l'élection présidentielle. On se souvient que les démocrates accusaient alors (et toujours) les Russes de vouloir aider Donald Trump.

La réticence de Comey a fait l'objet hier d'un reportage de CNBC et aujourd'hui d'un article publié dans le Washington Post. Elle soulève plusieurs questions, dont celle-ci : le directeur du FBI n'a-t-il pas adhéré à une politique de deux poids deux mesures en informant le Congrès et le public de la relance de l'enquête sur les courriels d'Hillary Clinton à 11 jours du scrutin présidentiel (alors qu'il n'avait aucune idée de l'importance de ces courriels)?

Question qui en amène une autre : le FBI a-t-il enquêté avec le même zèle sur les liens présumés entre Trump et la Russie qu'il n'en a montré dans l'affaire des courriels de Clinton? Hier soir, le New York Times a publié un article indiquant que la police fédérale n'avait découvert aucun lien direct entre Trump et la Russie.

L'article précise notamment que le FBI n'a trouvé rien de suspect à la connexion d'un serveur appartenant à l'Organisation Trump avec la banque russe Alfa-Bank sur lequel le magazine Slate s'étend longuement. Les contacts de cette banque avec le serveur de l'Organisation Trump pourraient n'avoir consisté qu'en des envois de pourriels, selon le FBI.

La police fédérale ne semble cependant pas avoir vérifié les allégations d'un ancien espion publiées par la revue Mother Jones et selon lesquelles la Russie «cultive, appuie et assiste Trump depuis au moins cinq ans». Cet ancien espion aurait remis un rapport au FBI sur le sujet.

Selon l'article du Times, le FBI reconnaît en privé que la Russie tente de perturber l'élection présidentielle par le biais d'une campagne de piratage informatique mais non d'aider Trump. La distinction est fine.