«Non, ce n'est pas vrai. J'étais assise à sa gauche. Il n'a pas éclaté de colère», a déclaré Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump, contredisant un reportage du New York Post sur la rencontre d'hier entre le président désigné et des dirigeants et journalistes de plusieurs chaînes de télévision américaines, dont CNN, ABC et NBC et CBS.

Selon cet article du Post, un des participants a comparé la rencontre à un «f... firing squad» (un foutu peloton d'exécution). Un autre l'a décrite en ces termes :

«Trump ne cessait de répéter : 'Nous sommes dans une salle remplie de menteurs, les médias malhonnêtes qui se sont trompés sur tout'. Il s'est adressé à chaque personne présente dans la salle, qualifiant les médias de menteurs malhonnêtes et trompeurs. Il a mentionné le nom de Jeff Zucker (patron de CNN) et déclaré que tous les gens de CNN étaient des menteurs, et que CNN était un réseau de menteurs.

«Trump n'a pas mentionné le nom de Katy Tur (journaliste de NBC) mais il a parlé d'une journaliste de NBC qui s'est plantée, et il a ensuite fait référence à une journaliste horrible qui a pleuré quand Hillary a perdu et qui avait modéré un débat - il s'agissait de (la journaliste d'ABC) Martha Raddatz, qui était aussi présente dans la pièce.»

Le rédacteur en chef du New Yorker David Remnick, qui n'était pas présent, a récolté des témoignages semblables dont il fait état dans cet article. Il note que le président désigné s'est notamment plaint d'une photo utilisée de lui par NBC et qui le montrerait avec un double menton. Et Remnick de commenter :

«Voilà où nous en sommes. Le président désigné ne craint pas de démontrer jusqu'à quel point il est sans merci ou vaniteux ou distrait. C'est ce qu'il est, et c'est la personne qui dirigera la branche exécutive du gouvernement des États-Unis pendant quatre ans.

«L'impression générale de la rencontre qu'on eue les participants auxquels j'ai parlé est que Trump ne donne aucunement l'apparence d'avoir été assagi ou changé par son élévation à la plus haute fonction du pays. 'Il est le même type de vantard rageur, bluffeur, qu'il était durant la campagne', a dit l'un d'eux.»

Les reportages du New York Post et du New Yorker ont peut-être contribué à la décision annoncée ce matin sur Twitter par Trump d'annuler la rencontre qu'il devait avoir plus tard aujourd'hui avec des représentants du New York Times. Ces rencontres avaient été organisées à l'instigation de Trump. Certains y avaient vu une tentative de rapprochement de la part du président désigné après une campagne houleuse au cours de laquelle lui et ses partisans ont pris à partie les médias. Tu parles.

Il faut rappeler que les dirigeants autoritaires ou antidémocratiques ont en commun cette propension à placer en tête de liste de leurs ennemis les «médias menteurs».

Trump, rappelons-le, n'a pas tenu une seule conférence de presse depuis le mois de juillet. Hier soir, il s'est adressé directement au public américain par le biais d'une vidéo de deux minutes et demie dans laquelle il a assuré, sur un ton calme, que sa transition se déroulait bien. Il a également utilisé cet informercial pour rappeler ses promesses de créer des emplois, renégocier les accords de libre-échange, mettre fin aux restrictions à la production énergétique et interdire le lobbying parmi les membres de son équipe.