C'est le dernier article que j'ai lu hier soir avant de me replonger dans It Can't Happen Here, le roman de Sinclair Lewis sur l'élection d'un président fasciste aux États-Unis. Écrit par Almando Salguero, exilé cubain à Miami et reporter du Miami Herald affecté à la couverture du football professionnel, il portait sur son échange avec le quart-arrière des 49ers de San Francisco Colin Kaepernick à propos de la décision de ce dernier de porter un t-shirt montrant Malcom X, prophète du nationalisme afro-américain, en compagnie de Fidel Castro.

Dans cet échange, Salguero accusait Kaepernick d'hypocrisie, lui reprochant de dénoncer «l'oppression systématique» à laquelle les Afro-Américains font face selon lui aux États-Unis tout en portant un t-shirt où figure «l'un des oppresseurs les plus tenaces du 20e siècle». Le journaliste ne pouvait évidemment pas prévoir que Castro rendrait l'âme le lendemain de la parution de son article. Mais son échange avec Kaepernick me semble être un bon point de départ pour débattre de l'héritage du «révolutionnaire cubain qui a défié les États-Unis», comme le proclame le titre de l'article que lui consacre aujourd'hui le New York Times.

«Le fait que [Malcolm X] ait rencontré Fidel me laisse croire qu'il avait l'esprit ouvert à divers points de vue et qu'il était capable de se faire sa propre idée sur la meilleure façon d'aborder différentes situations et différentes cultures», a dit Kaepernick au cours de son échange avec Salguero.

Et d'ajouter, un peu plus tard : «Grâce à Fidel Castro, [les Cubains] ont le taux le plus élevé d'alphabétisation au monde parce qu'ils investissent davantage dans leur système éducatif qu'ils le font dans leur système carcéral.»

Dans son article, Salguero met en doute ces données, soulignant notamment que les «donjons» cubains ne coûtent presque rien. Il ajoute que le taux d'alphabétisation cubain, quel qu'il soit, n'a pas étanché la soif du peuple cubain pour la démocratie et la justice. Et le journaliste de rappeler l'histoire de sa famille, qui a été séparée, comme plusieurs autres familles cubaines, en raison d'un régime qui ne permet pas à ses citoyens de voyager librement.

Il termine son article en mettant au défi Kaepernick de se présenter avec son t-shirt aujourd'hui et demain à Miami, où les 49ers disputeront un match contre les Dolphins. Après la mort de Castro, le quart-arrière de San Francisco choisira peut-être de ne pas relever ce défi.