Posez la question, c'est un peu y répondre. Nancy Pelosi a joué un rôle clé dans le revirement de situation spectaculaire qui a permis aux démocrates de reprendre le contrôle de la majorité à la Chambre des représentants en 2006. Mais dix ans se sont écoulés depuis. Dix ans marqués par des résultats catastrophiques ou décevants pour les candidats démocrates à la Chambre lors des élections de 2010, 2012, 2014 et 2016. N'est-il pas temps que la représentante de Californie, âgée de 76 ans, cède sa place de chef du groupe démocrate?

Pelosi n'est évidemment pas de cet avis, et une forte majorité de ses collègues continuent à lui faire confiance, l'ayant reconduit à son poste ce matin par 134 voix contre 63.

Il faut reconnaître que son unique adversaire, le représentant d'Ohio Tim Ryan, âgé de 43 ans, n'avait pas la stature ou l'ascendant nécessaire pour relancer les démocrates, qui font face à plusieurs obstacles, dont celui du redécoupage des circonscriptions électorales (gerrymandering) dans plusieurs États. Mais la réélection de Pelosi illustre les ennuis qu'éprouve son parti à se renouveler.

Sans tomber dans l'âgisme, il faut souligner que le triumvirat à la tête des démocrates de la Chambre continuera à être composé de septuagénaires. Outre Pelosi, on y retrouve le représentant du Maryland Steny Hoyer, 76 ans, et son collègue de Caroline-du-Sud James Clyburn, 77 ans.

À l'opposé, la direction du groupe républicain sera assurée par le président de la Chambre Paul Ryan, 46 ans, le représentant de Californie Kevin McCarthy, 51 ans, et leur collègue de Louisiane Steve Scalise, 51 ans.

Au-delà de la question d'âge, Pelosi est issue d'une ville (San Francisco) et d'un État qui font d'elle une porte-parole d'une efficacité douteuse pour un parti qui veut propager un message économique susceptible de ramener vers lui les électeurs de la classe ouvrière du Midwest et d'ailleurs. Cela étant, personne n'a jamais douté de sa combativité.