Le 17 janvier 2012, Donald Trump déverse son fiel sur le Pakistan, via Twitter : «Que cela soit clair : le Pakistan n'est pas notre ami. Nous leur avons donné des milliards et des milliards de dollars, et qu'avons-nous eu en retour? Trahison, manque de respect - et pire encore.»

Le président-désigné est parfois accusé de dire à ses interlocuteurs du moment ce que ceux-ci voudraient bien entendre. Il semble avoir confirmé ce trait hier lors d'une conversation téléphonique avec le premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, dont le contenu a été révélé par Islamabad. En voici un extrait :

«Vous êtes un type super. Vous faites un travail extraordinaire, qui se voit partout. Je suis impatient de vous rencontrer bientôt. En vous parlant, M. le Premier ministre, j'ai l'impression de parler à une personne que je connais depuis longtemps.»

«Votre pays est extraordinaire, avec des opportunités énormes. Les Pakistanais sont l'un des peuples les plus intelligents qui soient.»

Réagissant à l'invitation de Sharif de lui rendre visite au Pakistan, Trump a répondu en affirmant qu'il «aimerait beaucoup venir dans un pays fantastique, endroit fantastique où vivent des gens fantastiques».

Tout cela serait drôle si le Pakistan n'était pas le Pakistan, un pays doté de l'arme nucléaire dont les relations avec l'Inde, un allié vital des États-Unis, se détériorent et dont la volonté de combattre le terrorisme est suspecte.

Dans ce contexte, le magazine Time n'est pas le seul à avoir trouvé «dangereuse et bizarre» la conversation de Trump avec Sharif, et notamment ce passage où le président désigné s'est engagé auprès de son interlocuteur «à jouer tout type de rôle que vous voulez me faire jouer pour attaquer et trouver des solutions aux problèmes non résolus».

Notons que l'entourage de Trump n'a pas contredit le résumé fait par Islamabad de la conversation entre le président désigné et le premier ministre pakistanais.