«La présidente de Taïwan M'A APPELÉ aujourd'hui pour me féliciter d'avoir gagné la présidence. Merci!»

Par ce gazouillis, Donald Trump a répondu hier à ceux qui lui reprochait d'avoir commis un faux-pas diplomatique en donnant l'impression de remettre en question la politique d'une «seule Chine» qui a conduit les États-Unis à interrompre à la fin des 1970 leurs relations diplomatiques avec Taïwan. Il laissait entendre qu'il n'avait fait que décrocher l'appareil pour parler à la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen.

Or, un porte-parole de la présidente taïwanaise a indiqué que cet appel n'était pas une surprise. Autrement dit, Trump et son entourage avaient décidé à l'avance qu'un tel échange téléphonique valait le risque de froisser la Chine, qui a d'ailleurs lancé un avertissement au président désigné aujourd'hui en lui rappelant qu'il «n'existe qu'une seule Chine» et que «Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois».

Et pourquoi Trump a-t-il pris le risque de brouiller les relations sino-américaines en acceptant de s'entretenir avec la présidente taïwanaise? Ses défenseurs feront sans doute état de sa volonté de ne pas s'asservir aux règles, quelles soient politiques, économiques ou diplomatiques. Ses critiques soulèveront notamment la question des conflits d'intérêts, l'organisation Trump ayant manifesté le mois dernier l'intérêt de construire un hôtel près de l'aéroport international de Taïwan.

La question des conflits d'intérêts ne pourra pas non plus être écartée lorsque viendra le temps d'examiner les relations entre le 45e président et Roberto Duterte, président des Philippines, où l'empire Trump est déjà présent. Après un échange téléphonique avec Trump hier, Duterte a affirmé que le président désigné l'avait non seulement invité à Washington mais également encouragé dans sa guerre controversée contre la drogue en lui disant qu'il appliquait «la bonne méthode», comme on peut le lire dans cet article de l'AFP.

Duterte, qui a appelé la police et même les civils à tuer les consommateurs de drogue, a déjà traité Barack Obama de «fils de pute» avant une rencontre où le président américain devait faire des remarques sur les droits de l'homme aux Philippines, notamment à propos des méthodes utilisées dans la lutte contre le trafic de drogue. La rencontre a été annulée.

Et Trump pourrait dérouler le tapis rouge devant la Maison-Blanche pour y accueillir Duterte...