En septembre dernier, la Maison-Blanche a organisé une rencontre secrète avec 12 hauts dirigeants républicains et démocrates du Congrès pour convenir d'une démarche bipartite face aux opérations de piratage menées, selon les services de renseignements américains, par des agents du gouvernement russe pour interférer dans les élections du 8  novembre.

La Maison-Blanche souhaitait que le groupe émette une déclaration commune enjoignant les responsables des élections dans chaque État de recourir à l'aide du gouvernement fédéral pour protéger leurs systèmes électoraux contre des cyberattaques russes. Accueillie de façon positive par les démocrates, la suggestions a été opposée par au moins deux républicains, dont le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell. Celui-ci a mis en doute la fiabilité des allégations des renseignements américains et qualifié de «partisan» tout effort visant à mettre la Russie sur la sellette publiquement.

Le Washington Post raconte cette histoire dans son reportage sur l'évaluation secrète de la CIA concluant que la Russie a interféré dans l'élection présidentielle américaine pour aider Donald Trump à l'emporter. Selon le quotidien, des personnes liées à Moscou ont fourni au site WikiLeaks des courriels piratés de l'ancien directeur de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton, John Podesta, et du Parti démocrate, entre autres.

Après l'élection du 8 novembre, comme le souligne le Post, Trump a nommé la femme de McConnell, Elaine Chao, au poste de secrétaire au Transport.

Au cours du même mois de septembre, le représentant républicain du Texas Michael McCaul, président de la commission de la Chambre des représentants sur la Sécurité intérieure, a déclaré sur CNN que la Russie n'avait pas seulement réussi à pirater le système informatique du Comité national du Parti démocrate mais également celui du Comité national du Parti républicain.

Quelques minutes plus tard, le Comité national du Parti républicain a émis une déclaration niant avoir été victime d'un piratage russe. McCaul a par la suite affirmé s'être mal exprimé.

Le New York Times rappelle cette histoire dans un reportage publié aujourd'hui et faisant allusion à la conclusion des renseignements américains selon laquelle les Russes ont bel et bien piraté le système informatique du Comité national du Parti républicain et choisi de ne rien divulguer des documents ou informations s'y trouvant.

Les responsables du Comité national du Parti républicain ont de nouveau nié avoir été la cible d'un piratage russe.

À la veille de l'investiture de Trump, les États-Unis se retrouvent donc devant une situation remarquable : plusieurs dirigeants républicains refusent de croire les services de renseignements américains concernant le piratage présumé de la Russie. Après la publication du reportage du Washington Post, Trump a donné le ton en affirmant que les analystes de la CIA «sont les mêmes que ceux qui disaient que (l'ancien président irakien) Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massive».

Dans son article, le Post affirme que la CIA a identifié des individus liés au gouvernement russe qui ont fourni à WikiLeaks des milliers de courriels piratés appartenant au camp démocrate. Le journal précise cependant que l'agence n'a pas de preuve démontrant que ces individus ont agi sous les ordres du Kremlin.

À la demande de Barack Obama, les services de renseignements américains doivent produire d'ici le 20 janvier un rapport sur ce qu'ils savent des cyberattaques électorales dont la Russie est accusée. Après l'investiture de Trump, le Congrès devrait prendre le relais en menant ses propres enquêtes sur le sujet.

En attendant, il est clair que des dirigeants républicains ont tout fait pour occulter ce sujet pendant la campagne présidentielle.