Drain the swamp. Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, Donald Trump a adopté ce slogan évocateur, promettant de s'attaquer à la corruption à Washington. Faut croire que les représentants républicains de la Chambre ont fait la sourde oreille.

À la veille d'une nouvelle session parlementaire, ils ont décidé de rogner les pouvoirs et de miner l'indépendance du Bureau d'éthique du Congrès, une agence créée en 2008 après des affaires de corruption qui ont envoyé trois représentants de la Chambre des représentants en prison.

Par 119 voix contre 74, les membres du groupe républicain de la Chambre ont approuvé hier un amendement qui changera le nom du Bureau d'éthique du Congrès, lui enlèvera le droit d'enquêter sur des informations provenant de sources anonymes et placera ses enquêtes sous la supervision de la Commission d'éthique de la Chambre.

Accusée par le passé de ménager les représentants, la Commission d'éthique de la Chambre est contrôlée par les élus de la majorité. L'état major républicain de la Chambre, dont le président de la Chambre Paul Ryan, s'est opposé à l'amendement qui devrait être soumis à un vote aujourd'hui en séance plénière.

L'émasculation du Bureau d'éthique du Congrès survient au moment où les républicains contrôlent les deux chambres du Congrès et où un homme d'affaires milliardaire aux mille et un conflits d'intérêts potentiels s'apprête à entrer en fonction à la Maison-Blanche.

Elle survient aussi à la veille de la mise en place d'un programme législatif qui attirera dans les coulisses du Congrès une pléthore de lobbyistes aux portefeuilles biens garnis.

«Les républicains prétendent vouloir assécher le marais mais, à la veille de la prestation de serment d'un nouveau Congrès, les républicains de la Chambre ont éliminé la seule agence indépendante qui puisse superviser leurs actions», a dénoncé la chef de la minorité démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, qui avait contribué à la création du Bureau d'éthique du Congrès.

Le président de la Commission judiciaire de la Chambre Ralph Goodlatte a défendu hier soir le changement, estimant que rien n'empêchera le Bureau des plaintes du Congrès - le nouveau nom de l'agence - d'accomplir son «rôle important et sérieux».

P.S. : Trump a exprimé sur Twitter son désaccord avec l'approche des républicains de la Chambre sur la question du Bureau de l'éthique du Congrès :

P.P.S. : Face au tollé général, les républicains de la Chambre ont décidé de retirer leur projet d'amendement concernant le Bureau d'éthique du Congrès.