«Je vais demander une grande enquête sur les fraudes électorales, notamment sur les électeurs inscrits pour voter dans deux États, les clandestins et même ceux enregistrés sur les listes électorales et qui sont décédés (et pour certains depuis longtemps).»

Donald Trump a gazouillé de la sorte hier matin après avoir affirmé sans preuve aucune que sa défaite dans le vote populaire lors de l'élection présidentielle tenait au fait qu'entre trois à cinq millions de personnes avaient voté illégalement pour Hillary Clinton.

Mais comment le sait-il? N'est-il pas possible qu'il ait gagné l'élection présidentielle en raison de la fraude électorale? Après tout, il a enlevé trois États clés - la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin - par seulement 77 000 suffrages.

Hier, lors d'une entrevue accordée à ABC, Trump a déclaré qu'aucun vote illégal n'avait été déposé pour lui le 8 novembre. Zéro. Or, suivant sa logique (aussi tordue soit-elle), il ne peut prétendre qu'aucun électeur inscrit pour voter dans deux États ne l'aurait pas préféré à Clinton.

Après tout, sa fille Tiffany, de même que son conseiller Steve Bannon et son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin sont inscrits pour voter dans deux États! On peut croire que d'autres républicains se retrouvent aujourd'hui dans la même situation.

Précision : les électeurs ne peuvent être accusés de fraude électorale parce qu'ils sont inscrits dans deux États (certains déménagent et oublient d'en informer les autorités électorales de leur ancien État); et rien n'indique que Tiffany Trump, Bannon ou Mnuchin ait voté dans deux États.

Mais Trump ne peut pas dire que la possibilité qu'un républicain ait commis une fraude électorale est inexistante, d'autant que les quatre cas relevés en 2016 concernent au moins trois de ses électeurs!

Je sais, ce billet est absurde, mais moins que la grande enquête que Trump voudrait mener sur un problème inexistant.

P.S. : L'entrevue accordée par Trump à ABC a démontré jusqu'à quel point le président est obsédé par sa popularité personnelle, la grosseur de ses foules et les ovations qu'il reçoit («Ils m'ont donné la plus grosse ovation depuis celle de Peyton Manning au Super Bowl - et ils ont dit qu'elle était aussi grosse», a-t-il dit au sujet de l'accueil de son discours devant des employés de la CIA samedi.