Lors d'un discours en Iowa, fin août, le candidat Donald Trump a tenté d'assouplir son plan de lutte contre l'immigration clandestine. Après avoir promis d'expulser les 11 millions de personnes en situation irrégulière aux États-Unis, il a nuancé son approche.

«Le premier jour, je commencerai à expulser rapidement les immigrés criminels illégaux de ce pays, notamment les centaines de milliers qui ont été remis en liberté sous l'administration Obama-Clinton», dit-il en énonçant une politique qui n'était guère différente en réalité de celle du président Obama, surnommé «Deporter-in-Chief» par les critiques de sa politique vis-à-vis de l'immigration illégale.

Or, selon de nouvelles consignes édictées hier par son administration, Trump veut élargir son plan de lutte contre l'immigration illégale à des millions d'individus en situation irrégulière aux États-Unis, qu'ils aient ou non commis des crimes sérieux.

Une infraction mineure, une inculpation ou même un comportement suspect pourraient désormais suffire pour justifier l'expulsion d'un clandestin. La porte semble être ouverte plus grande que jamais au profilage ethnique et racial.

Les consignes prévoient la collaboration des forces policières locales dans l'arrestation de clandestins, une politique déjà rejetée par certains États et localités, dont New York.

«Le président a choisi les politiques de la division plutôt que la sécurité de notre pays», a déclaré hier le maire de New York Bill de Blasio, prévenant que les policiers new-yorkais «ne se transformeront pas en agents d'immigration».

Seuls les «Dreamers» - les jeunes clandestins arrivés enfants sur le territoire américain - seront exemptés.

Les démocrates et les défenseurs des clandestins ont dénoncé une politique «d'expulsion de masse» qui inciteront des immigrés à fuir les lieux du travail et d'enseignement de peur d'une arrestation. Ils ont promis de contester cette politique, notamment devant les tribunaux.

Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche, a nié que la nouvelle politique mènerait à des expulsions de masse. Selon cet article du New York Times, il pourrait en fait s'écouler des mois avant que les nouvelles consignes soient mises en applications. Celles-ci pourraient en outre avoir une portée plus limitées qu'il n'y paraît.

L'administration Trump n'a par ailleurs pas indiqué où elle trouverait les milliards de dollars nécessaires pour payer les milliers de nouveaux policiers de la frontière, les nouveaux centres de détention et le mur le long de la frontière sud.

Qu'à cela ne tienne : sur le plan politique, le président vise sans doute dans le mille avec ces consignes aux yeux de ses partisans les plus convaincus.