«Pensez aux merveilles que nous pouvons accomplir si nous libérons simplement les rêves de notre peuple.»

En écoutant le premier discours de Donald Trump devant le Congrès, plusieurs Américains ont dû se demander ce qui était arrivé au président qui avait promis de mettre fin au «carnage américain» lors de son discours d'investiture, le plus sombre et grinçant de l'histoire.

Oubliez le pays du carnage, pensez à celui des merveilles...

Et que dire de ce passage où Trump a évoqué «une nation de miracles» avec plus d'emplois et de croissance économique, moins de criminalité et de pauvreté, et des nouvelles infrastructures construites grâce à des investissements publics et privés totalisant 1 000 milliards de dollars?

En fait, ce que plusieurs commentateurs de toutes tendances ont dit, c'est que Trump a prononcé hier soir le meilleur discours de sa carrière politique, un discours «présidentiel» (selon les premiers sondages, les téléspectateurs ont pensé la même chose). Certes, il n'a pas renoncé aux thèmes clivants de sa campagne, insistant notamment sur les crimes commis par des individus en situation irrégulière (alors que le taux de criminalité des clandestins est inférieur à la moyenne des citoyens américains).

Mais il a adopté pour en parler un ton plus sobre, optimiste et inclusif, abordant d'entrée la lutte en faveur des droits civiques des Noirs et dénonçant les menaces et actes de vandalisme contre des centres communautaires ou cimetières juifs ainsi que le meurtre raciste de Kansas City la semaine dernière.

Il a également tendu la main à plusieurs reprises aux démocrates, tout en dénigrant la loi sur la santé de Barack Obama dont il a promis l'abrogation et le remplacement et en renouvelant ses appels à la construction du mur le long de la frontière sud, la réduction massive des impôts susceptible de profiter aux plus riches et la hausse des dépenses militaires qui serait accompagnée par des coupes massives dans des programmes non-militaires.

Certains médias ont accueilli ce nouveau Trump avec un certain cynisme ou scepticisme. «Le triomphe du télé-souffleur de Trump», a ironisé Bloomberg View, laissant entendre que le public pourrait renouer avec le Trump cassant, impulsif et gênant à tout moment.

D'autres ont souligné qu'il y avait loin entre les voeux de Trump et leurs réalisations. Les républicains du Congrès sont notamment divisés sur la santé et le programme d'infrastructures, alors que les démocrates peuvent bloquer au Sénat l'adoption de certaines lois.

Dans son discours résolument nationaliste, Trump a par ailleurs fait l'impasse sur les défis auxquels font face à l'étranger les États-Unis, de la Syrie à la Russie en passant par la Corée du Nord, la Chine et l'Iran.

Le discours de Trump a enfin été marqué par un moment de forte émotion lorsque le président a signalé la présence parmi les spectateurs de la veuve de William Ryan Owens, ce Navy Seal tué dans la première opération militaire de sa présidence, une opération bâclée dont il avait tenté d'éluder la responsabilité la veille.

Carryn Owens, émue aux larmes, a été longuement ovationnée par les élus, dignitaires et autres spectateurs présents. Plusieurs commentateurs et téléspectateurs ont été touchés par la scène. D'autres ont trouvé que le président avait tout simplement exploité la veuve pour faire oublier le fiasco du raid au Yémen.