Devin Nunes est le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants. Cette commission enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle américaine.

Devin Nunes a présidé lundi à l'audition devant sa commission des directeurs du FBI et de la NSA, qui ont réfuté les accusations de Donald Trump selon lesquelles Barack Obama l'a mis sur écoute. Le directeur du FBI a par ailleurs confirmé l'existence d'une enquête criminelle qui vise notamment à déterminer si des proches de Trump ont collaboré aux efforts de la Russie pour influencer l'élection présidentielle.

Le représentant républicain de Californie doit donner au moins l'impression qu'il est indépendant dans son enquête. Il a eu du mal à le démontrer lundi en s'intéressant davantage aux fuites médiatiques sur les agissements de proches de Trump qu'au sujet principal de l'enquête de sa commission.

Mais il a peut-être irrémédiablement compromis son indépendance en se rendant aujourd'hui à la Maison-Blanche pour informer le président que les agences de renseignement américaines ont intercepté des communications des membres de l'équipe de Trump, voire de Trump lui-même, entre l'élection du 8 novembre et l'investiture du 45e président.

Selon Nunes, ces écoutes ont peut-être été obtenues de façon fortuite, ayant été réalisées dans le cadre d'une surveillance qui ne visait pas les membres du camp Trump mais des ressortissants étrangers.

«J'ai pensé qu'il était important que le président le sache», a déclaré Nunes, qui a tenu deux conférence de presse sur le sujet.

Trump s'est dit conforté par les propos de Nunes, comme on peut le lire dans ce compte-rendu du Washington Post.

Adam Schiff, le démocrate le plus haut placé au sein de la commission du Renseignement de la Chambre, s'est cependant insurgé du fait que Nunes n'ait pas informé au préalable les autres membres de la commission de ses découvertes avant de se rendre à la Maison-Blanche.

«Il devra décider s'il est le président d'une enquête indépendante ou un faire-valoir du président», a dit Schiff, qui a renouvelé son appel en faveur de la création d'une commission indépendante sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle.

Nunes a dit qu'il n'avait pas compromis l'indépendance de sa commission, étant donné que les écoutes en question ne concernaient pas la Russie ou des ressortissants russes. Il n'a pas voulu répondre à la question d'un journaliste qui voulait savoir s'il avait reçu ses nouvelles informations d'une personne associée à la Maison-Blanche.

Les démocrates ont néanmoins vu dans sa visite à la Maison-Blanche une façon de détourner l'attention du public des liens entre les proches de Trump et la Russie et de présenter le président comme une victime des agences de renseignement.

Une chose est certaine : la tête des républicains aurait explosé si le président démocrate d'une commission du Renseignement avait rendu visite à un occupant démocrate de la Maison-Blanche dont l'entourage fait l'objet d'une enquête criminelle du FBI pour des liens possibles avec un pays étranger, liens qui devraient intéresser ladite commission.