Commençons par le journal avec la meilleure réputation. Vendredi, le Wall Street Journal a publié une histoire digne d'un roman policier à propos de Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche.

Selon le quotidien, Flynn a discuté avec des responsables turcs dans un hôtel de New York en septembre d'un plan pour kidnapper secrètement Fethullah Gulen, un adversaire du président turc Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci réclame depuis plusieurs mois aux États-Unis l'extradition de Gulen, qui vit en Pennsylvanie. Le Journal tient cette histoire d'un ancien directeur de la CIA, James Woolsey, aujourd'hui allié de la Maison-Blanche.

Flynn, faut-il rappeler, a avoué récemment avoir empoché des centaines de milliers de dollars pour représenter des intérêts turcs. Il nie aujourd'hui avoir  eu des discussions avec des responsables turcs concernant un projet illégal d'enlèvement.

Que cette histoire soit vraie ou non, elle n'aide en rien l'image de Flynn. Et c'est peut-être pour cette raison que Woolsey l'a racontée au Wall Street Journal, un journal sérieux.

Passons au journal dont la réputation n'est pas bonne. Je parle du National Enquirer. Sa réputation n'est pas bonne aux yeux de ceux qui s'intéressent à l'information indépendante et rigoureuse, mais elle l'est aux yeux de Donald Trump, qui vante souvent ce journal dirigé par un de ses bons amis.

Or, dans un nouveau numéro publié hier, l'Enquirer s'appuie sur des sources anonymes issues de la Maison-Blanche pour accuser Flynn d'être un agent à la solde de la Russie. John Aravosis a un bon résumé de la façon dont le tabloïd traite cette histoire qui ternit encore davantage l'image du général retraité.

Une autre histoire a retenu l'attention de Washington l'attention hier : Adam Schiff, le démocrate le plus haut placé au sein de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, a dénoncé la décision inattendue du président républicain de ladite commission, Devin Nunes, d'annuler une audition prévue mardi et à laquelle devaient participer l'ancien directeur du Renseignement national James Clapper, l'ancien directeur de la CIA John Brennan et l'ancienne ministre de la Justice intérimaire Sally Yates.

Cette audition devait porter sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle américaine, sujet d'une enquête distincte du FBI, qui cherche également à déterminer si des proches de Donald Trump ont collaboré aux efforts russes pour influence cette élection.

Schiff a accusé Nunes de vouloir «étouffer l'information» afin d'éviter une répétition de la mauvaise publicité dont la Maison-Blanche a fait l'objet pendant et après  l'audition du directeur du FBI James Comey et du directeur de l'Agence de sécurité nationale Michael Rogers.

Il aurait été particulièrement intéressant d'entendre ce que Sally Yates a à dire. Yates est celle qui a averti la Maison-Blanche, fin janvier, que Flynn était en contact avec l'ambassadeur de Russie à Washington et qu'il était vulnérable au chantage de la Russie.

Dernier détail : Juliette Kayyem, spécialiste en matière de sécurité nationale, a déclaré hier soir sur CNN que des sources proches du FBI lui avaient confié que Flynn aurait peut-être commencé à collaborer avec la police fédérale.

Cela expliquerait la publication simultanée  de ces histoires anti-Flynn dans certains journaux...