Tous les prédécesseurs de Rex Tillerson se sont fait un devoir sinon un plaisir de multiplier les interractions avec les journalistes attitrés à la couverture du département d'État, passant notamment de longs moments à s'entretenir avec eux off-the-record pendant les longs vols auxquels leurs responsabilités les astreignaient.

De Henry Kissinger à John Kerry en passant par Colin Powell, les chefs de la diplomatie américaine profitaient de leurs conversations formelles ou informelles avec les journalistes pour leur faire comprendre le point de vue américain sur les dossiers internationaux. Il ne fallait évidemment pas prendre ce qu'ils disaient comme parole d'Évangile, mais les journalistes aguerris appréciaient ces occasions de leur poser des questions.

Rex Tillerson a mis fin à cette tradition, ce qui lui vaut d'être surnommé le «loup solitaire» ou le «fantôme de Foggy Bottom». Mais les journalistes ne représentent pas la seule catégorie d'humains que l'ancien patron d'ExxonMobil voudrait pourvoir effacer de sa vie, si l'on en juge par ce passage d'un portrait publié dans le Washington Post :

«La plupart de ses interractions se déroulent dans un cerle restreint de conseillers nouvellement arrivés au département d'État. Plusieurs diplomates de carrière disent qu'ils ne l'ont pas encore rencontré, et certains d'entre eux se sont fait dire de ne pas lui parler directement - ou même de le regarder dans les yeux.

«Lors de son premier de trois voyages à l'étranger, Tillerson a passé outre les visites aux employés du département d'État et à leurs familles dans les ambassades, arrêts traditionnels dont se servaient d'autres secrétaires d'État pour remonter le moral des troupes.»

Bien sûr, les contacts de Tillerson avec les médias et les diplomates du département d'État ne définiront pas son bilan comme secrétaire d'État. Mais un diplomate ne devrait-il pas avoir, par définition, un brin d'entregent?