Si vous avez suivi le feuilleton de Benghazi, vous savez que Susan Rice occupe une place tout juste à côté d'Hillary Clinton parmi les membres de l'administration Obama que les républicains ont vilipendés pendant des années après l'attaque qui a causé la mort de quatre Américains en Libye en septembre 2012. Rice revient donc à l'avant-scène de l'actualité avec une image sulfureuse aux yeux de la droite américaine, celle d'une personne qui est prête à tordre la vérité à des fins politiques.

Aujourd'hui, Rice est pointée du doigt par les alliés de la Maison-Blanche comme la personne responsable de l'identification (démasquage) de proches de Donald Trump dont les noms ont été mentionnés dans des communications interceptées par les services de renseignement américains ou qui ont participé à des échanges impliquant des ressortissants étrangers mis sur écoute.

Ce genre de démasquage n'est pas illégal et est même nécessaire pour comprendre les informations que font circuler les renseignements américains parmi les responsables gouvernementaux. Rice recevait ces informations classifiées à l'époque où elle occupait le poste de conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama.

Or, les alliés de la Maison-Blanche laissent aujourd'hui entendre que Rice a demandé le démasquage de proches de Trump à des fins politiques, ce qu'elle a nié aujourd'hui dans une entrevue accordée à Andrea Mitchell. Ils laissent également entendre qu'elle aurait fait fuiter des informations obtenues après le démasquage de proches de Trump, ce qu'elle a également nié lors de la même interview (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

Les alliés de Trump aimeraient pouvoir lier Rice au démasquage de Michael Flynn et aux fuites médiatiques qui ont causé la perte de l'ex-conseiller à la sécurité du président républicain. S'ils parvenaient à prouver ce lien, Rice pourrait être inculpée. Mais l'ex-conseillère de la Maison-Blanche nie également cette accusation.

Rappelons que le démasquage reproché par les alliés de Trump à Rice s'est produit après que les services de renseignement américains eurent conclu que la Russie avait interféré dans l'élection présidentielle afin d'aider Donald Trump à se faire élire. Dans ce contexte, les experts estiment que Rice était justifiée de demander à ce que soient dévoilés les noms des proches de Trump mentionnés dans les échanges entre ressortissants étrangers mis sur écoute.

Sans entrer dans les détails, Rice a expliqué la façon dont l'administration Obama a traité la question de l'ingérence russe dans l'élection présidentielle : «C'était une source de préoccupation profonde pour nous au sein de l'équipe de sécurité nationale et pour le président lui-même. Nous avons pris cette question très au sérieux. Nous pensions qu'il était cruciale de défendre l'intégrité de notre processus électoral. Nous aurions manqué à notre devoir si nous n'avions pas tenté de comprendre ce qui se passait.»

Les républicains n'ont pas accepté les explications de Rice. Le prote-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer a notamment dit que ces explications semblaient contredire ce que Rice a dit après la première sortie de Devin Nunes, président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, à propos du démasquage de proches de Trump.

«Je ne sais rien de cela», avait déclaré Rice lors d'une entrevue donnée à PBS.

Aujourd'hui, Rice a laissé entendre que Nunes et d'autres alliés de Trump avaient eux-mêmes enfreint la loi sur les informations classifiées en parlant publiquement du démasquage de citoyens américains.