Recep Tayyip Erdogan a emprisonné des universitaires, des journalistes et des adversaires politiques. Il a bombardé les populations kurdes de son pays. Et il vient de remporter par la peau des dents (51,3% contre 48,7%) un référendum qui renforcera son pouvoir et fait craindre une dérive autoritaire encore plus prononcée en Turquie.

Qu'à cela ne tienne, Donald Trump a jugé bon hier d'appeler le président de la Turquie pour le féliciter de sa «victoire référendaire récente», qui est pourtant contestée par le principal parti d'opposition turc qui dénonce de nombreuses irrégularités et demande un nouveau dépouillement des votes ansi que par le principal parti kurde qui réclame l'invalidation de trois millions de votes.

Le département d'État américain a pour sa part dit avoir pris bonne note des réserves exprimées par les observateurs européens, qui ont notamment rappelé l'arrestation de journalistes et la fermeture de médias en faveur du «non». Selon un compte-rendu de son appel publié par la Maison-Blanche, Trump n'a pas évoqué avec son homologue les questions entourant la légitimité du référendum.

Est-ce son penchant pour les hommes forts qui a inspiré au président américain cet appel téléphonique élogieux, ou le rôle d'Erdogan en Syrie, ou les intérêts de l'Organisation Trump en Turquie?

Quelle qu'elle soit, la réponse n'est pas rassurante.