«Nous avons suffisamment de votes. Ça va passer. C'est un bon texte.»

Ainsi parlait hier soir Kevin McCarthy, numéro deux des républicains à la Chambre des représentants, exprimant sa confiance au sujet du vote prévu aujourd'hui sur un projet de loi abrogeant et remplaçant l'Obamacare.

Ne vous étonnez pas si vous avez une impression de déjà vu. Le 24 mars, les ténors républicains de la Chambre ont tenu le même discours en début de journée avant de retirer leur texte abrogeant et remplaçant l'Obamacare, faute du nombre suffisant de votes.

Mais McCarthy ne peut pas vraiment dire que le projet de loi amendé est bon. D'abord, le Bureau du budget du Congrès, organisme indépendant, n'a pas eu le temps d'en calculer le coût et les conséquences sur les Américains. D'ordinaire, les élus du Congrès tiennent à avoir ces données avant de voter sur ce genre de proposition. Après tout, n'est-ce pas utile de connaître les conséquences possibles de ce que l'on fait avant de le faire?

Ensuite, tous les intervenants du monde de la santé, ou presque, sont opposés au projet de loi. Ils s'alarment notamment du fait que le texte mettra fin à un acquis majeur de l'Obamacare en autorisant les États à abandonner l'obligation faite aux assureurs de couvrir tous les patients de la même façon, y compris ceux qui souffrent de conditions préexistantes.

Hier, deux représentants républicains influents ont abandonné leur opposition au projet de loi après avoir obtenu l'insertion d'un amendement garantissant une somme supplémentaire de 8 milliards sur cinq ans pour aider les patients à hauts risques. Plusieurs experts jugent cette somme dérisoire.

Si la Chambre finit par adopter le projet de loi, Donald Trump et Paul Ryan, président de la Chambre, crieront victoire, même s'ils ne savent pas encore si le texte est meilleur ou pire que sa version originale. Celle-ci devait faire augmenter le nombre d'Américains non assurés de 14 millions en 2018 et de 24 millions d'ici 2026.

Ils crieront victoire même si leur projet de loi risque de nuire aux chances de réélection de plusieurs représentants républicains à l'occasion des élections de mi-mandat.

Et ils crieront victoire même si leur projet de loi, dans sa forme actuelle, n'a aucune chance d'être adopté par le Sénat.

Les républicains ne peuvent pas perdre plus de 22 votes républicains à la Chambre. Selon le Washington Post, 20 17 d'entre eux sont opposés ou enclins à s'opposer au projet de loi et 35 33 sont indécis ou cachottiers.