Quelques minutes après avoir voté en faveur de leur projet de loi abrogeant et remplaçant l'Obamacare, des dizaines de républicains se sont précipités à la Maison-Blanche, où Donald Trump les attendait pour célébrer. Mais qu'est-ce que le président et les républicains de la Chambre célébraient-ils au juste?

D'ordinaire, le président attend que les deux chambres du Congrès lui envoient un texte dûment approuvé pour organiser à la Maison-Blanche une cérémonie à laquelle assistent des Américains ordinaires susceptibles de bénéficier de la loi promulguée sous leurs yeux par la signature présidentielle.

Or, il n'y avait que des élus républicains hier autour de Donald Trump dans la Roseraie de la Maison-Blanche. Et ce que le président et les républicains ont célébré n'est qu'une étape d'un long processus qui devrait connaître plusieurs rebondissements au Sénat, où des républicains s'opposent notamment à la fin de l'expansion du programme Medicaid, qui a permis à plus de 10 millions d'Américains non assurés d'avoir une assurance santé pour la première fois de leur vie.

Ce qu'il faut retenir de ce projet de loi adopté à la sauvette, c'est que les hôpitaux, les médecins, les assureurs et les groupes de consommateurs, à quelques rares exceptions près, y sont opposés. Les républicains de la Chambre des représentants n'ont jamais tenté de convaincre les uns ou les autres du bienfondé de leur législation. L'objectif était d'adopter quelque chose, n'importe quoi, afin d'être en mesure de donner une victoire à Donald Trump et de dire qu'ils n'ont pas trahi la promesse qu'ils répètent depuis l'entrée en vigueur de l'Obamacare.

Le comble, c'est que des républicains ayant voté en faveur du projet de loi font partie de ses critiques. «Est-ce que ce texte est bon? Non, je ne l'aime pas», a déclaré le représentant républicain de Floride Mario Diaz-Balart. «Mais j'ai pris ma décision en me demandant, comment puis-je rester engagé?»

Pour le moment, l'image qui reste est celle d'un groupe d'élus républicains, la plupart des hommes riches, blancs et chrétiens, célébrant un projet de loi qui favorise les Américains les plus riches et en bonne santé et qui nuit aux Américains les moins riches et en mauvaise santé.

Plusieurs républicains de la Chambre espèrent que leurs collègues du Sénat feront disparaître les dispositions les plus cruelles de leur projet de loi, celles qui leur ont été imposées par les purs et durs du Freedom Caucus. Tout en tentant de sauver l'Obamacare, les démocrates se promettent de leur côté d'exploiter contre leurs adversaires les plus vulnérables ces mêmes dispositions à l'occasion des élections de mi-mandat de 2018. Leur objectif : reprendre le contrôle de la Chambre.

Mission accomplie? On verra bien.