Depuis l'annonce de l'attaque informatique subie par l'équipe du candidat à la présidentielle Emmanuel Macron, des militants de l'extrême-droite américaine jouent un rôle clé dans la diffusion sur internet des documents piratés.

Selon cet article du New York Times, Jack Prosobiec, correspondant à Washington de Rebel TV et partisan avoué de Donald Trump, a été le premier à utiliser le mot-clic #MacronLeaks accompagné d'un lien menant aux documents internes de l'équipe du candidat d'En Marche !. Son nom est désormais mentionné le plus souvent sur Twitter en rapport avec ce mot-clic après celui de WikiLeaks, qui a diffusé encore plus largement les documents.

Des utilisateurs de 4Chan, un forum populaire auprès de l'extrême-droite ont également été parmi les premiers à diffuser les documents.

Le Times note que l'extrême-droite américaine tente depuis plusieurs semaines d'influencer la campagne présidentielle française par le biais de sites comme 4Chan et Discord. Quelques jours avant le débat de l'entre-deux-tours, un utilisateur anonyme a notamment publié sur 4Chan des prétendus documents destinés à démontrer que Macron aurait un compte bancaire au Bahamas.

Macron a nié cette allégation, mais Marine Le Pen a fait allusion lors du débat de mercredi d'un compte bancaire off-shore que détiendrait peut-être son rival.

«Ce sont les anti-mondialistes qui tentent de se mondialiser», a commenté Ben Nimmo, chercheur du laboratoire numérique de l'Atlantic Council, qui a étudié la campagne de l'extrême-droite américaine en faveur de Le Pen. «Il tentent d'exporter la révolution.»

Notons que la commission de contrôle de la campagne électorale française a appelé aujourd'hui les médias français à ne pas relayer le contenu des documents piratés. Elle «souligne que la diffusion ou la rediffusion de telles données, obtenues frauduleusement, et auxquelles ont pu, selon toute vraisemblance, être mêlées de fausses informations, est susceptible de recevoir une qualification pénale à plusieurs titres et d'engager la responsabilité de ses auteurs.»

Le quotidien français Le Monde répond dans cet article à certaines questions concernant les MacronLeaks. Deux extraits :

Est-ce que la Russie est liée à ce piratage?

C'est impossible de l'affirmer pour le moment - l'attribution d'une attaque informatique est un processus long et complexe, qui nécessite plusieurs jours ou semaines d'enquête. Cette méthode ressemble toutefois à celle qui avait visé le Parti démocrate avant l'élection présidentielle américaine de novembre : le parti avait été piraté et ses e-mails internes publiés, cette fois par WikiLeaks. Cette opération a été attribuée par les États-Unis à la Russie.



Quel rôle joue WikiLeaks dans cette affaire?

Contrairement aux documents internes du Parti démocrate américain, qui avaient été piratés durant la campagne présidentielle l'an dernier, les courriels rendus publics ce vendredi n'ont pas été publiés par WikiLeaks. (...)

Juan Branco, conseiller en France de Julian Assange, a par ailleurs dénoncé, toujours sur Twitter, un procédé «dégoûtant». «À quelques heures de la fin de la campagne, profitant du silence imposé aux candidats, on balance en masse des gigas entiers de données... pour quoi? Faire porter la suspicion? Créer un doute invérifiable à temps?», écrit-il.

Reste que WikiLeaks a contribué à la large diffusion des documents. Branco est-il vraiment au même diapason qu'Assange?