Donald Trump en avait assez de James Comey et de l'enquête du FBI sur les liens de son entourage avec la Russie. Il savait que les démocrates ne portaient pas dans leur coeur celui qui a contribué selon eux à la défaite d'Hillary Clinton en rouvrant l'enquête sur les courriels de l'ancienne secrétaire d'État à 11 jours de l'élection présidentielle. Le limoger était donc, selon lui, ce que les Américains appellent une «situation gagnant-gagnant».

Or, les démocrates du Congrès ont réagi avec furie au renvoi de James Comey, soupçonnant Donald Trump de vouloir étouffer l'enquête du FBI et réclamant la nomination d'un procureur indépendant spécial pour enquêter sur l'affaire russe. Réaction qui, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, a surpris Donald Trump, selon cet article de Politico et d'autres médias américains.

Le président a donné une idée de cette surprise mêlée à beaucoup de frustration hier soir en publiant un gazouillis juvénile sur Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, qui lui avait dit plus tôt dans la journée qu'il avait commis «une grosse erreur» en limogeant le patron du FBI : «Cryin' Chuck Schumer a dit récemment : ''Je n'ai plus confiance en lui (James Comey)''. Et voilà qu'il s'indigne. #draintheswamp.»

Assécher le marais? N'importe quoi.

Mais Donald Trump n'était pas le seul républicain surpris hier soir. Des élus du GOP ont également été étonnés - le mot est sans doute faible - par sa décision. Le sénateur républicain de Caroline-du-Nord Richard Burr, président de la commission du Renseignement du Sénat, s'est notamment dit «troublé par les motifs et le moment choisi» pour limoger James Comey.

Détail important : avant l'annonce du renvoi de Comey, CNN a appris qu'un grand jury de Virginie avait envoyé des assignations à comparaître à des proches de Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, dont les liens avec la Russie intéressent le FBI.

Le ministre de la Justice adjoint Rod Rosenstein a invoqué la façon dont James Comey avait géré l'enquête sur les courriels d'Hillary Clinton pour justifier et recommander son renvoi. Le ministre de la Justice Jeff Sessions et Donald Trump ont accepté son raisonnement et sa recommandation.

Or, les deux hommes ont félicité par le passé James Comey pour le courage dont il aurait notamment fait montre en rouvrant ladite enquête à 11 jours de l'élection présidentielle. Selon ce journaliste du New York Times, Sessions a passé au moins une semaine à chercher des motifs pouvant justifier le limogeage de Comey.

Il vient peut-être de donner la pleine mesure de sa probité et de son indépendance vis-à-vis du président Trump.

Autre détail important, qui illustre la précipitation qui a mené au renvoi de Comeny : la Maison-Blanche n'a pas encore identifié son successeur, dont la nomination devra être approuvée par le Sénat.

Une seule chose est certaine au lendemain d'une décision qui rappelle un épisode sombre du scandale du Watergate («Le massacre du samedi soir») : d'autres surprises sont à prévoir...