Au début de cette semaine très (trop?) riche en rebondissements politiques, Donald Trump, en proie à une colère noire, a traité la plupart de ses conseillers d'«incompétents», y compris Jared Kushner? Mais qu'a donc pu faire son gendre pour se mériter une telle épithète? N'est-il pas le super héros de la Maison-Blanche, celui à qui on peut confier tous les dossiers importants, de la Chine au Canada en passant par la paix entre Israël et les Palestiniens?

Le journaliste de CBS Major Garrett a peut-être trouvé la réponse. Dans un topo diffusé mercredi matin, il a affirmé que Kushner avait fortement encouragé son beau-père à congédier James Comey et que le président était furieux en raison de la tempête que cette décision a soulevée. Il s'attendait à être applaudi autant par les républicains que par les démocrates.

Garrett n'est pas le premier à rapporter que Kushner a joué un rôle dans le renvoi du directeur du FBI. Mais il est le premier à dire que le président en veut aux conseillers qui lui ont prescrit cette voie, y compris le mari de sa fille Ivanka.

Selon cet article du New York Times, Kushner est également l'un des rares conseillers de la Maison-Blanche à avoir encouragé le président à réagir en contre-attaquant de façon vigoureuse à la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur l'affaire russe. Les autres lui ont conseillé d'adopter un ton plus conciliant, voie qu'il a fini par emprunter dans sa première déclaration sur le sujet.

Derrière son image lisse, propre et modérée, Jared Kushner cache-t-il une attitude de pitbull prêt à sauter sur tous ceux qui veulent creuser les liens entre l'entourage de Trump et la Russie? Il faut garder cette question en tête en observant l'évolution de ce dossier.

En attendant, il n'est pas inutile de rappeler que Kushner fait lui même partie des proches du président dont les liens avec la Russie font l'objet de l'enquête du FBI. Après avoir gardé le silence sur ce sujet, il a fini par admettre qu'il avait eu des contacts en décembre avec Sergueï Kisliak, ambassadeur de Russie aux États-Unis, et Sergueï Gorkov, patron de Vnesheconombank, une banque d'investissement russe publique et sanctionnée par l'administration Obama après l'annexion de la Crimée en 2014.

Le procureur spécial Robert Mueller et les enquêteurs du FBI voudront savoir quels étaient la nature de ces contacts. Et Kushner devra dire la vérité, rien que la vérité, s'il ne veut pas être accusé de parjure ou de tout autre délit.

À noter que Steve Bannon, qui ne porte pas Kushner dans son coeur, était opposé au renvoi de Comey à ce moment-ci de la présidence de Donald Trump. Il ne faudrait pas se surprendre si les confidences recueillies par le Times sur les recommandations du gendre du président et des réactions de ce dernier viennent de son camp.

P.S. : Puisqu'il est question de Kushner, notons qu'il a également joué un rôle clé dans la vente d'armes totalisant 110 milliards de dollars à l'Arabie saoudite, première destination du voyage de neuf jours que le président Trump entreprend aujourd'hui. Selon cet article du New York Times, il a téléphoné directement à Marillyn Hewson, patronne de Lockheed Martin, en présence de représentants saoudiens, pour obtenir qu'elle baisse le prix d'un système de défense antimissile. Hewson a fini par accéder à sa demande.

Les contrats d'armements qui feront l'objet de signatures pendant le séjour de Donald Trump en Arabie saoudite incluent les bombes guidées laser Paveway que l'administration Obama avait refusé de livrer à Riyad de peur qu'elles ne soient utilisées contre des civils au Yémen.