Donald Trump ne pouvait confier le poste de directeur du Budget de la Maison-Blanche à un républicain plus conservateur que Mick Mulvaney. Du temps où les élus issus du Tea Party menaçaient de paralyser l'État fédéral pour empêcher le relèvement du plafond de la dette, l'ancien représentant de Caroline-du-Sud était toujours un des premiers à monter au créneau.

Trump étant à l'étranger, il est revenu à Mulvaney de présenter ce matin le budget 2018, un des documents les plus austères en matière budgétaire de l'histoire américaine. Un document qui propose une coupe astronomique de 1 700 milliards de dollars sur dix ans dans les programmes sociaux et intérieurs, dont 192 milliards de dollars pour les bons alimentaires destinés aux démunis, 50 milliards pour les subventions à l'agriculture et 610 milliards dans le programme d'assurance maladie pour les pauvres (Medicaid) auquel le président avait promis de ne pas toucher pendant la campagne présidentielle.

Les coupes proposées réduiraient le financement de programmes sociaux affectant un cinquième de la population américaine, dont une partie non négligeable de l'électorat du président. Voici comment Mulvaney a justifié ses choix budgétaire :

«Nous n'allons pas mesurer notre succès par la quantité d'argent que nous dépensons, mais par le nombre de personnes que nous aidons. Ce que nous avons fait c'est d'essayer de ne pas retirer le filet de sécurité aux personnes qui en ont besoin, mais plutôt d'essayer de trouver s'il y a des personnes qui n'en ont pas besoin, qui ont besoin de retrouver le chemin du travail.»

Le budget de la défense sera épargné, cela dit. Le budget Trump prévoit une augmentation de 10% des dépenses militaires. Il propose également, et il s'agit d'une concession à Ivanka Trump, un congé parental payé de six semaines, pour un coût estimé à 18 milliards sur dix ans.

Le budget Trump tient compte des réductions d'impôts massives annoncées récemment par le président - mais non détaillées dans le document - et s'appuie sur des projections économiques des plus optimistes - Mulvaney mise sur un taux de croissance annualisé de 3% sur dix ans.

D'ordinaire, le budget du président permet à ce dernier d'indiquer ses priorités au Congrès, qui a le dernier mot sur les questions budgétaires. Que le budget Trump ait été présenté en l'absence de ce dernier reflète soit la désorganisation de la Maison-Blanche ou la distance que le président tient à maintenir entre lui et le document qui porte la marque de Mulvaney.

Chose certaine, les démocrates ne sont pas les seuls à trouver le budget Trump beaucoup trop austère.

«C'est un problème. C'est un gros problème», a déclaré le représentant républicain du Kentucky Harold Rogers en faisant référence aux coupes dans le programme Medicaid. «Je représente une des circonscriptions les plus pauvres du pays, avec beaucoup de bénéficiaires de Medicaid et de d'autres programmes sociaux. Ces coupes sont draconiennes.»

«J'ai livré des repas à des personnes pour qui c'était le seul repas chaud de la journée», a déclaré de son côté le représentant républicain de Caroline-du-Nord Mark Meadows en déplorant les coupes dans le programme Meals on Wheels.

On n'ose pas décrire le futur que Mulvaney imagine pour les personnes âgées qui bénéficient de ce programme.