Il y a deux jours, j'expliquais dans ce billet comment Donald Trump avait ignoré ses conseillers en matière de sécurité nationale lors de son discours à Bruxelles devant les dirigeants des pays de l'OTAN. Hier, le président américain a de nouveau fait fi des poids lourds de son administration en s'autofélicitant sur Twitter de la crise entre l'Arabie saoudite et le Qatar.

C'est «le début de la fin de l'horreur du terrorisme», a-t-il gazouillé en rappelant son récent voyage en Arabie saoudite et en félicitant Riyad et ses alliés d'avoir isolé le Quatar, accusé par ces derniers d'être le champion de l'extrémisme et du terrorisme dans la région.

Plusieurs analystes se sont étonnés que le président américain prenne ainsi partie dans cette crise régionale. D'autant que le Quatar se distingue des autres alliés problématiques de la région en accueillant la grande base aérienne américaine d'Al-Udeid, qui joue un rôle opérationnel clé dans la lutte contre le groupe djihadiste État islamique (EI) en Syrie et en Irak.

D'où les appels au calme et au dialogue que le secrétaire d'État Rex Tillerson et le ministre de la Défense Jim Mattis avaient lancés avant que Trump n'arrive avec ses gros sabots.

De toute évidence, les Saoudiens avaient confiance que le président américain ne se formalise pas de l'isolement d'un de ses alliés dans le Golfe persique. Il se pourrait que la crise force le Qatar à changer sa politique de soutien à certains groupes islamistes, dont les Frères musulmans.

Mais les Saoudiens, grands exportateurs du wahhabisme et financiers de groupes islamistes, semblent quand même mal placés pour donner des leçons.

«Les Saoudiens se sont joués de Donald Trump comme un violon», a confié l'ex-analyste de la CIA Bruce Riedel au New York Times. «Il a involontairement encouragé leurs pires instincts envers leurs voisins.»

P.S. : Ô ironie : l'Iran soupçonne l'Arabie saoudite d'être mêlée aux attaques terroristes perpétrées aujourd'hui à Téhéran et revendiquées par l'EI.