J'ai l'impression qu'il ne s'agit pas de la bonne question. Mais elle domine ce matin les conversations politiques aux États-Unis. Elle découle d'une interview accordée à PBS par Chris Ruddy, un ami de Donald Trump. Ruddy a affirmé que le président «envisage» de renvoyer le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'enquêter sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine et les liens de l'entourage de Trump avec la Russie.

La Maison-Blanche n'a pas contredit la déclaration de Ruddy, se contentant de préciser que celui-ci n'avait pas abordé le sujet du congédiement éventuel de Mueller avec le président.

Est-ce que la déclaration de Ruddy fait partie d'une stratégie quelconque pour détourner l'attention du public américain d'un autre sujet gênant, comme l'audition cet après-midi du ministre de la Justice Jeff Sessions devant la commission du Renseignement du Sénat, par exemple?

Sessions devra répondre à plusieurs questions difficiles, dont l'une touche à son rôle dans le renvoi de l'ancien directeur du FBI James Comey alors qu'il s'était récusé de l'enquête russe.

«Si le président a dit que j'ai été congédié à cause de l'enquête russe, pourquoi le ministre de la Justice était-il impliquée dans cette décision? Je ne sais pas», a déclaré Comey jeudi dernier lors de son audition.

L'ancien directeur du FBI a également dit qu'il se doutait que Sessions aurait à se récuser de l'enquête russe au moins deux semaines avant que celui-ci ne le fasse. D'où sa décision, appuyée par d'autres responsables du FBI, de ne pas informer le ministre de la Justice de la demande de Trump de mettre fin à l'enquête sur Michael Flynn.

«Il était sur le point de se récuser pour diverses raisons. Nous étions aussi au courant de faits que je ne peux pas discuter en public et qui auraient rendu problématique son maintien dans une enquête liée à la Russie», a dit Comey.

Se peut-il donc que Ruddy ait tenté de créer un écran de fumée? C'est peut-être la bonne question.

Mais il ne fait pas de doute que le renvoi de Mueller provoquerait la plus grosse tempête politique de la présidence de Donald Trump.

Ajout: Le ministre de la Justice adjoint Rod Rosenstein a affirmé ce matin devant une commission du Congrès qu'il est le seul à pouvoir congédier le procureur spécial. Et si le président lui ordonne de congédier Mueller? «Je ne suivrai aucun ordre à moins de conclure que cet ordre est conforme à la loi et approprié», a-t-il déclaré.