Harry Frankfurt, professeur émérite de philosophie à l'Université de Princeton et auteur de l'ouvrage On Bullshit, a signé durant la plus récente campagne présidentielle américaine un texte sur Donald Trump et sa propension à «bullshitter», un terme à ne pas confondre avec mentir, selon lui.

Le texte de Frankfurt m'est évidemment revenu à la mémoire après avoir pris connaissance des gazouillis par lesquels Trump affirme ne pas avoir d'enregistrements de ses conversations avec l'ancien directeur du FBI James Comey.

Je cite Frankfurt :

«La distinction entre mentir et bullshitter est assez clair. Le menteur affirme une chose dont il sait lui-même qu'elle est fausse. Il présente de façon délibérée une fausse version d'une vérité qu'il reconnaît. Le bullshitter, de son côté, ne se préoccupe pas de ce qui peut être vrai ou faux. En faisant une affirmation, il est indifférent au fait que ce qu'il dit soit vrai ou faux. Son but n'est pas de rapporter des faits. Il consiste plutôt à façonner les croyances et les attitudes de ses auditeurs d'une certaine façon.»

Après le renvoi de Comey et certaines révélations médiatiques, Trump avait lancé sur Twitter cette menace à peine voilée à l'ex-patron du FBI : «James Comey ferait bien d'espérer qu'il n'existe pas 'd'enregistrements' de nos conversations avant qu'il ne commence à faire des révélations à la presse!»

Ce n'était pas un mensonge, c'est de la «bullshit».