Normal que Donald Trump fils monopolise l'attention des média. Ses courriels prouvent qu'il a rencontré une représentante du gouvernement russe dans le but d'obtenir des informations «incriminantes» concernant Hillary Clinton. Il était accompagné de deux des membres les plus importants de la campagne de son père, qui avaient peut-être également été informées que les informations promises faisaient partie des efforts du gouvernement russe pour aider la candidature de Donald Trump.

Les courriels explosifs ne sont probablement pas incriminants en eux-mêmes si l'on croit la version de Trump fils selon laquelle les informations offertes par l'avocate Natalia Veselnitskaya ne représentaient aucune valeur. Mais ils contredisent les démentis répétés du président et des membres de son entourage selon lesquels aucun membre de la campagne de Donald Trump n'a rencontré de représentants du gouvernement russe dans l'espoir d'obtenir des informations susceptibles de nuire à Clinton et d'aider Trump. Ils démontrent aussi une volonté de la part de Trump fils et peut-être aussi de Jared Kushner et Paul Manafort de collaborer avec un pays hostile pour remporter une élection présidentielle.

Les courriels de Trump fils ne sont probablement pas incriminants en eux-mêmes mais ils pourraient constituer un élément de preuve important dans une accusation d'entrave à la justice contre le président, de parjure contre Kushner ou de complot criminel contre plusieurs personnes. Pour le moment, de l'avis de la plupart des experts, le gendre du président est probablement celui qui est le plus vulnérable à la suite des révélations concernant la rencontre avec l'avocate russe.

Car Kushner n'a pas mentionné cette rencontre dans le formulaire qu'il a dû remplir pour obtenir une autorisation de sécurité en tant que haut conseiller du président. Il avait déjà omis de mentionner ses contacts avec deux autres ressortissants russes - l'ambassadeur de Russie aux États-Unis et un banquier proche de Vladimir Poutine. Il a révisé son formulaire depuis, mais il savait en signant le document qu'il risquait une amende ou la prison en ne fournissant pas des informations exactes. Il plaide aujourd'hui une mémoire défaillante.

Comme Manafort ou Trump fils, Kushner sait aussi qu'il peut être poursuivi s'il tient des propos mensongers aux enquêteurs fédéraux.

Selon cet article du New York Times, les ennuis de Kushner créent des tensions importantes à la Maison-Blanche. Les avocats du président voient Kushner comme un «obstacle» et un «indépendant» plus soucieux de sauver sa peau que celle de son patron.

L'article du Times contient un détail intéressant. Des conseillers du président ont aidé Trump fils à préparer sa première réponse au Times concernant sa rencontre du 9 juin 2016 avec l'avocate russe. Le président a approuvé cette réponse, qui donnait comme sujet principal de la rencontre la question de l'adoption d'enfants russes et passait sous silence la question des informations «incriminantes» concernant Clinton.