Pour ceux qui n'ont pas encore pris connaissance du discours prononcé par Donald Trump hier soir devant une foule partisane à Phoenix, en Arizona, voici un résumé. Le président a :

- laissé entendre qu'il graciera le shérif du comté de Maricopa, Joe Arpaio, condamné pour avoir enfreint un jugement fédéral en pourchassant excessivement les clandestins;

- vitupéré pendant 25 minutes contre les médias, leur attribuant la controverse sur sa réponse aux violences raciales de Charlottesville;

- appelé à la fin du filibuster, manoeuvre d'obstruction parlementaire du Sénat qui n'explique en rien ses difficultés jusqu'à maintenant;

- attaqué les sénateurs républicains d'Arizona John McCain et Jeff Flake sans les nommer;

- exprimé du respect pour Kim Jong-Un;

- déploré le déboulonnage des monuments confédérés;

- prédit l'échec des négociations sur l'ALENA.

Si Donald Trump a pu donner l'impression d'agir en chef d'État lundi soir en présentant sa nouvelle stratégie en Afghanistan à l'aide d'un télé-souffleur, il a joué hier soir le rôle d'un chef de bande lors d'un discours improvisé au cours duquel il s'est défoulé sur ses cibles préférées tout en dénaturant les faits.

«Je leur ai donné les néo-nazis. Je leur ai tout donné. J'ai parlé des suprémacistes blancs, des néo-nazis. Je les ai tous ici», a-t-il déclaré en faisant référence à un document qu'il venait d'exhiber. «Voyons voir. KKK, nous avons le KKK», a-t-il ajouté sur un ton sarcastique en reprochant aux médias de l'avoir cité de façon sélective.

Tout au long de sa diatribe, Trump a omis de dire qu'il n'avait pas mentionné ces groupes nommément lors de sa première intervention après les violences de Charlottesville qui ont coûté la vie à une manifestante anti-raciste. Il a surtout omis de mentionner le fait qu'il avait blâmé «plusieurs parties» après l'acte de terreur d'un sympathisant néo-nazi qui a également fait 19 blessés.

Ce sont cette omission et cette myopie qui ont valu à Donald Trump les critiques non seulement des médias mais également des élus de son propre parti et plus tard de plusieurs chefs d'entreprise.

Voici maintenant quelques réactions au discours de Trump.

Celle de Don Lemon de CNN à ce discours : «Il essaie clairement de provoquer une guerre civile... Il a certainement ouvert la plaie raciale à Charlotttesville... Un homme acculé au mur, semble-t-il, par des circonstances hors de son contrôle et au-delà de sa compréhension.»

Celle de John Roberts de Fox News : «Le président a remporté une victoire nette (lundi soir) avec sa nouvelle stratégie en Afghanistan... Mais il a complètement changé de sujet une fois de plus.»

Celle de Breitbart, qui a notamment consisté à citer cette déclaration de Trump sur sa page d'accueil : «Ils essaient de nous enlever notre culture.»

Et celle de James Clapper, ancien patron du Renseignement national, qui a mis en doute l'aptitude mentale de Trump : «Il pourrait (représenter une menace pour la sécurité nationale)... Je m'inquiète, à vrai dire, de son accès aux codes nucléaires.»

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre Trump à l'extérieur de l'amphithéâtre où s'est déroulé son rassemblement. La police a eu recours au gaz lacrymogène pour disperser une partie des manifestants qui, selon la chef de police de Phoenix, avaient attaqué des agents.