Officiellement, Donald Trump a congédié James Comey après avoir reçu une recommandation à ce sujet formulée par les deux plus hauts responsables du ministère de la Justice. Ceux-ci l'avaient informé que la façon dont le directeur du FBI avait géré l'enquête sur les courriels d'Hillary Clinton justifiait son renvoi.

Officieusement, on sait que le président avait décidé de virer Comey avant d'avoir reçu la recommandation de Jeff Sessions et de son adjoint, Rod Rosenstein. On sait aussi que l'affaire russe a pesé dans la décision du locataire de la Maison-Blanche, ce qui pousse aujourd'hui le procureur spécial Robert Mueller à examiner la possibilité que ce dernier ait commis une entrave à la justice en congédiant Comey.

Or, selon des articles du New York Times et du Washington Post, Mueller possède désormais une preuve documentaire du mensonge de la Maison-Blanche. Il s'agit d'une lettre rageuse de six pages dictée en partie par Trump, rédigée en totalité par son conseiller Stephen Miller et justifiant le renvoi de Comey avant même que le ministère de la Justice ne formule une recommandation à ce sujet.

La lettre n'a jamais été rendue publique car le conseiller juridique de la Maison-Blanche, Don McGahn, la jugeait trop dangereuse pour le président. Elle faisait notamment référence aux conversations privées entre Trump et Comey, incluant celles où le directeur du FBI a assuré son interlocuteur qu'il ne faisait pas l'objet d'une enquête du FBI (ce genre de conversation est en soi une forme d'ingérence de la part du président).

La lettre a néanmoins été remise à Rosenstein, qui a écrit sa propre missive de trois pages dont s'est servie Sessions pour recommander à Trump de renvoyer Comey.

Mike Pence est au nombre des responsables qui étaient au courant de la lettre rédigée par Miller. Or, le vice-président a néanmoins répété la version officielle de la Maison-Blanche après le renvoi de Comey, version qu'il savait incomplète pour ne pas dire mensongère.