Barack Obama pourrait intervenir dans le débat sur le «Dreamers» si son successeur met fin au programme qu'il a mis sur place en juin 2012 pour permettre aux enfants d'immigrés clandestins arrivés aux États-Unis avant l'âge de 16 ans d'étudier ou de travailler sans craindre d'être expulsés.

Selon le journal Politico, Donald Trump devrait annoncer demain la fin du programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA). Cette décision n'entrerait cependant pas en vigueur avant six mois, histoire de permettre au Congrès de remplacer par une loi le décret présidentiel ayant fait naître le DACA.

Lors de sa dernière conférence de presse à la Maison-Blanche, Obama avait indiqué qu'il pourrait sortir de la réserve observée par les anciens présidents si son successeur s'attaquait à ceux qu'on désigne sous le vocable de «Dreamers». Selon Politico, il passera de la parole aux actes en s'exprimant par le biais des réseaux sociaux si Trump finit par tourner le dos aux «Dreamers». Quelque 800 000 immigrés clandestins sont inscrits au programme DACA, ayant obtenu un permis de séjour renouvelable aux deux ans.

Deux figures influentes de l'administration Trump poussent le président à mettre fin au programme d'Obama. Il s'agit du ministre de la Justice Jeff Sessions et du conseiller présidentiel Stephen Miller, deux tenants de la ligne dure en matière d'immigration. Sessions a indiqué qu'il refuserait de défendre le DACA en cour face à la contestation éventuelle de 11 États conservateurs menés par le Texas.

Cette position est contestée par certains conseillers du président, dont Ivanka Trump et Jared Kushner, de même que par plusieurs chefs d'entreprise et certains républicains du Congrès, y compris le président de la Chambre des représentants Paul Ryan.

Au-delà des coûts humains liés à l'expulsion d'immigrés qui n'ont pas ou peu connu leurs pays d'origine, la fin de DACA pourrait entraîner des coûts économiques de 460 milliards de dollars sur dix ans, selon une étude.

Reste à voir si les chefs de fil républicains du Congrès pourraient faire accepter un projet de loi légalisant le statut des «Dreamers» à leurs membres, dont certains ne manqueraient pas de prononcer le cri de ralliement des conservateurs opposés à toute réforme de l'immigration : «amnistie».

Il n'est sans doute pas inutile de rappeler que Trump, en assumant ses fonctions, avait déclaré aux «Dreamers» qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter. En mettant fin au DACA, il flatterait les instincts de sa base électorale, comme il l'a fait en graciant l'ancien shérif Joe Arpaio, considéré par ses critiques comme un raciste invétéré.