Désireux de poursuivre une approche bipartite, Donald Trump recevait hier soir à dîner «Chuck et Nancy», les dirigeants démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants. Au sortir de la Maison-Blanche, Chuck Schumer et Nancy Pelosi ont annoncé fièrement une entente destinée à légaliser le statut des «Dreamers» et assortie d'un ensemble de mesures pour renforcer la sécurité à la frontière sud mais excluant le mur souhaité par le président.

Sur Twitter, la réaction de la droite nationaliste a été immédiate. «BUILD THE WALL! BUILD THE WALL!... ou peut-être... pas vraiment», a écrit Laura Ingraham sur un ton sarcastique. Le site Breitbart a de son côté donné un nouveau surnom au président : «Amnesty Don». Même Sean Hannity a boudé son cher président.

La porte-parole de la Maison-Blanche Sarah Huckabee a tenté de calmer le jeu en précisant que le programme DACA permettant aux quelque 800 000 «Dreamers» d'étudier ou de travailler aux États-Unis sans craindre d'être expulsés avait été discuté de même que la question de la sécurité à la frontière mais que l'exclusion du mur n'avait pas fait l'objet d'une entente.

Ce matin, Trump est lui-même revenu à la charge sur Twitter en affirmant qu'il n'y avait pas eu d'entente entre lui et «Chuck et Nancy» sur les «Dreamers». Il a assuré que le mur continuait à être construit (il faisait en fait référence aux rénovations effectuées aux barrières et clôtures déjà existantes) et il a précisé qu'une entente sur la sécurité à la frontière devait non seulement être conclue avec les démocrates mais également soumise à un vote au Congrès.

Cela dit, le président s'est dit en faveur de la régularisation des «Dreamers», arrivés illégalement avec leurs parents aux États-Unis alors qu'ils avaient moins de 16 ans. «Voulons-nous vraiment expulser de bonnes jeunes personnes éduquées et accomplies qui ont des emplois, qui servent dans l'armée? Elles ont été emmenées ici sans qu'elles n'y soient pour quoi que ce soit», a-t-il écrit en prônant leur régularisation contre des mesures pour renforcer la sécurité à la frontière.

Il sera intéressant d'avoir la version de «Chuck et Nancy». Y a-t-il eu une entente ou non entre eux et Trump hier soir? Disons pour le moment que le président ne semble pas opposé à une entente. Pour ce qui concerne la droite nationaliste et les républicains du Congrès, c'est une autre histoire.

Une note pour ceux qui n'ont pas suivi le dossier des «Dreamers» de trop près : la semaine dernière, l'administration Trump a mis fin au programme DACA, décision qui n'entrera en vigueur cependant qu'à partir du 5 mars 2018. D'ici là, Trump a appelé le Congrès à légaliser le statut de ces jeunes immigrés clandestins qui pouvaient depuis 2012 obtenir des permis de travail, renouvelables aux deux ans.

Ajout : «Le mur viendra plus tard», a déclaré Donald Trump aux journalistes ce matin avant de partir pour la Floride, précisant que Mitch McConnell et Paul Ryan, les leaders républicains du Sénat et de la Chambre des représentants, étaient en faveur d'une entente légalisant le statut des «Dreamers» en échange d'un renforcement de la sécurité à la frontière sud.

Quand un journaliste lui a demandé si cette entente n'était pas l'équivalent d'une «amnistie» pour des immigrés illégaux, Trump a répondu : «Le mot est DACA».

Quant à «Chuck et Nancy», ils ont confirmé ce matin dans un communiqué qu'une entente «finale» n'avait pas été conclue sur les «Dreamers». Ils ont plutôt parlé d'une sorte d'accord de principe que le président a résumé de façon exacte selon eux dans ses tweets matinaux.