De nombreuses organisations médicales ont exprimé hier leur opposition au nouveau projet de loi concocté par des sénateurs républicains pour abroger et remplacer la loi sur la santé de Barack Obama. Mais aucune d'entre elles ne devrait avoir l'impact de l'animateur Jimmy Kimmel, qui a livré un monologue très critique sur le sujet hier lors de son émission diffusée en fin de soirée sur ABC.

Kimmel avait déjà fait un plaidoyer en faveur d'une couverture de santé universelle, en mars dernier, à la suite de l'opération réussie de son nourrisson né avec une malformation congénitale du coeur. Avant l'Obamacare, avait-il fait valoir, «si vous étiez né avec une maladie cardiaque congénitale comme mon fils, il y avait de fortes chances pour que vous ne puissiez jamais obtenir d'assurance santé. Aucun parent ne devrait jamais avoir à décider s'ils ont les moyens de sauver la vie de leur enfant, ça ne doit pas arriver. Pas ici», avait-il ajouté au moment où les républicains de la Chambre des représentants tentaient d'abroger et de remplacer l'Affordable Care Act.

Le sénateur républicain de la Louisiane Bill Cassidy, un médecin, avait été parmi les Américains que le monologue de Kimmel avait ému. Il avait même promis d'appliquer le «Jimmy Kimmel test» à tout nouveau projet de loi visant à remplacer l'Obamacare : «Aucune famille ne devrait se voir refuser des soins médicaux parce qu'elle n'en a pas les moyens.»

Or, le sénateur Cassidy a renié cette promesse en rédigeant avec son collègue de Caroline-du-Sud Lindsey Graham un projet de loi «pire que celui que, Dieu soit loué, des républicains comme Susan Collins, Lisa Murkowski et John McCain ont torpillé au cours de l'été», a accusé Kimmel hier.

Je cite un extrait de son monologue, qui résume assez bien les critiques formulées contre le texte Cassidy-Graham :

«Je ne sais pas ce qui est arrivé à Bill Cassidy. Mais lorsqu'il a fait une tournée médiatique, il a dressé la liste de ses conditions pour un projet de loi sur la santé. Il a dit qu'il voulait une couverture pour tout le monde; pas de discrimination pour des conditions pré-existantes; des primes moins élevées pour les familles de la classe moyenne; et pas de plafond à vie. Et vous savez quoi? Le nouveau projet de loi ne fait rien de cela.

«Couverture pour tout le monde? Non. En fait, (le texte) réduirait de 30 millions le nombre d'Américains assurés. Conditions pré-existantes? Non. Si le projet de loi est adopté, les États pourront permettre aux compagnies d'assurance de fixer les prix qu'elles veulent aux personnes souffrant de conditions pré-existantes... Mais (le projet de loi) réduira-t-il le coût des primes? En fait, plusieurs personnes se retrouveront avec des primes plus coûteuses. Et quant aux plafonds à vie, les États peuvent aussi changer les règles. Le projet de loi n'échoue dont pas seulement le 'Jimmy Kimmel test'. Il échoue également le 'Bill Cassidy test'.»

Les républicains du Sénat ont jusqu'au 30 septembre pour adopter le texte Cassidy-Graham avec une majorité simple. Ils n'y sont pas encore. S'ils y parviennent, la Chambre des représentants devra à son tour tenir un vote sur le projet de loi.

À noter que les républicains du Sénat n'ont pas tenu une seule audience sur un projet de loi destiné à affecter un sixième de l'économie américaine.