Beaucoup d'hypocrites, si peu de temps.

Allons-y avec le plus gros : Harvey Weinstein, magnat du cinéma, donateur démocrate et promoteur de causes progressistes, dont celle des femmes. Le producteur de Gangs of New York, Shakespeare in Love et de plusieurs autres films marquants a été forcé à se mettre en congé indéfini à la suite d'une série d'accusations de harcèlement sexuel qui courent sur trois décennies, révélées dans une enquête du New York Times il y a deux jours.

Le Comité national du Parti républicain (RNC) n'a pas hésité à appeler les démocrates, y compris Hillary Clinton, à rendre les centaines de milliers de dollars que Weinstein leur a versés au fil des ans. La demande est légitime. Mais les républicains pourraient eux-mêmes être accusés d'hypocrisie en ce 7 octobre 2017 qui marque le premier anniversaire de la diffusion de la vidéo d'Access Hollywood dans laquelle Donald Trump se vantait de se comporter comme un prédateur sexuel. Plusieurs femmes avaient par la suite accusé le candidat républicain d'attouchements non désirés.

Et le président du RNC, Reince Priebus, s'était retrouvé quelques mois plus tard à la Maison-Blanche en tant que chef de cabinet. Son comportement complice fait penser à celui de Hollywood face à Weinstein. Malgré les valeurs progressistes de la communauté cinématographique, le producteur-prédateur a pu y sévir en toute impunité jusqu'à cette semaine.

Autre bel hypocrite : Tim Murphy, représentant républicain de Pennsylvanie et farouche adversaire de l'avortement. Ce héros de la droite religieuse a annoncé son départ du Congrès avant-hier après les révélations du Pittsburgh Post-Gazette selon lesquelles il a encouragé sa maîtresse, deux fois plus jeune que lui, à avorter. Un vrai champion.

Dernier exemple d'hypocrisie pour ce matin : la société de conseil financier State Street, à l'origine de l'installation de la statue de la «fillette sans peur» à Wall Street, a accepté de verser 5 millions de dollars à 300 de ses dirigeantes pour éviter des poursuites pour discrimination. L'installation de la statue devant le taureau de Wall Street s'inscrivait dans une campagne de la banque pour inciter les sociétés dans lesquelles elle investit à augmenter le nombre de femmes dans les conseils d'administration.

P.S. : Les premières révélations du Times concernant Weinstein incitent d'autres femmes à témoigner. J'attire votre attention sur un article de Rebecca Traister qui aide à comprendre pourquoi il s'est écoulé tant d'années avant que le comportement dégoûtant voire criminel du producteur à l'endroit des femmes ne soit dévoilé.