«Nous avons passé presque une année à chercher un scandale russe. Pendant des mois, Washington ne parlait que de ça. De nombreuses personnes étaient certaines que ça finirait par l'impeachment et des peines de prison. Eh bien, c'est enfin arrivé.»

Ainsi parlait l'animateur de Fox News Tucker Carlson mercredi soir à la suite de la publication d'un reportage du site The Hill contenant des informations inédites sur une enquête du FBI pour tentative de corruption aux États-Unis dont faisaient l'objet des responsables de l'industrie nucléaire russe avant la conclusion de la vente d'Uranium One, société minière canadienne, à la société d'État russe Rosatom, en 2010.

Rappel : comme Uranium One contrôlait 20% de la production d'uranium aux États-Unis, sa vente devait être approuvée par neuf agences du gouvernement américain, dont le département d'État. L'affaire a soulevé la controverse en 2015 lorsque les adversaires d'Hillary Clinton l'ont accusée d'avoir donné son accord à la vente en échange des donations d'Uranium One à la Fondation Clinton. Or, rien ne prouve que cet argent a joué un rôle dans cette vente approuvée par les neuf agences ayant voix au chapitre. L'apparence d'un conflit d'intérêt n'en était pas moins réel.

Retour au présent : selon le reportage de The Hill, il n'est pas certain que le département d'État et les autres agences gouvernementales aient été mis au courant de l'enquête du FBI. Les dirigeants républicains du Congrès de l'époque disent aujourd'hui qu'ils n'en savaient rien.

Il y aurait évidemment un «vrai» scandale si le FBI avait mis au courant de son enquête les agences qui ont donné le feu vert à la vente d'Uranium One. Rien ne permet de dire que c'est arrivé.

Les médias conservateurs ne crient pas moins au scandale, alors que les autres médias refusent d'y toucher (le New York Times a traité de la vente d'Uranium One en 2015 dans ses plus détails les plus infinis). Fox News et cie critiquent le FBI et le ministère de la Justice, qui enquêtent aujourd'hui sur une toute autre affaire russe, celle d'une collusion possible entre les membres de l'entourage de Donald Trump et le Kremlin.

Et ils n'hésitent pas à accuser Hillary Clinton et Barack Obama d'une «vraie» collusion avec la Russie. Qui dit mieux?