En élevant la crise de dépendance aux opioïdes au rang d'«urgence de santé publique», Donald Trump a opté pour une approche beaucoup moins contraignante et coûteuse que celle qu'il avait promise. Celle-ci consistait à déclarer un état d'«urgence nationale» pour faire face à un fléau qui tue 150 Américains par jour.

Le choix du président signifie que de nouveaux fonds ne seront pas dégagés pour répondre à la crise. D'où la déception de plusieurs intervenants du milieu, dont Andrew Kolodny, co-directeur d'un programme de recherche sur les opioïdes à l'Université Brandeis. «Ce que nous avons besoin, c'est que le président obtienne que le Congrès affecte des fonds, je dirais dans les milliards, afin que nous puissions rapidement étendre l'accès aux traitements efficaces de la dépendance aux opioïdes, a-t-il déclaré au New York Times. Tant que ces traitements ne seront pas plus faciles à obtenir que l'héroïne ou le fentanyl, les morts par surdose continueront à un niveau record.»

Le sénateur démocrate du Massachusetts Edward Markey a pour sa part déclaré que le président avait proposé un «sparadrap» pour combattre une crise qui frappe en particulier les membres de la classe ouvrière blanche et les régions rurales qui ont voté pour lui.

Chargé par Trump de présider une commission sur la crise des opioïdes, le gouverneur républicain du New Jersey Chris Christie avait recommandé en juillet dernier que le président déclare un état d'urgence nationale. Malgré le choix du chef de la Maison-Blanche, Christie a salué hier une «mesure audacieuse».

En vigueur pour 90 jours, l'urgence de santé publique sera renouvelée tant qu'elle sera jugée nécessaire par l'administration Trump. Elle permettra au gouvernement de rediriger des ressources vers des besoins spécifiques, notamment pour améliorer l'accès à des services médicaux dans les régions rurales.

«Nous pouvons être la génération qui met fin à la crise des opioïdes», a déclaré le président à la Maison-Blanche lors d'une intervention au cours de laquelle il a évoqué l'alcoolisme qui a tué son frère Fred et contribué à sa décision de ne pas toucher à l'alcool (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

Il a également indiqué que le gouvernement lancerait une grande campagne publicitaire destinée à convaincre les jeunes à ne pas consommer de drogues. «Il est vraiment, vraiment facile de ne pas en prendre», a-t-il déclaré avant de raconter qu'il n'avait jamais dérogé au conseil de son frère Fred de ne pas boire d'alcool.

Son approche a rappelé celle de Nancy Reagan, qui avait lancé la campagne «Just Say No» dans les années 1980.