À quoi aurait ressemblé la présidence d'Hillary Clinton? À une succession de «scandales» qui auraient fait l'objet de multiples enquêtes du Congrès à majorité républicaine et à des reportages hystériques dans certains médias conservateurs. Mais n'est-ce pas ce à quoi les États-Unis sont en train d'assister?

En effet. Les républicains de la Chambre des représentants ont annoncé cette semaine l'ouverture de deux enquêtes liées à l'ancienne candidate présidentielle : l'une examinera la transaction qui a permis à une société d'État russe d'acquérir 20% des gisements d'uranium aux États-Unis; l'autre se penchera sur la façon dont le ministère de la Justice a géré l'enquête sur les courriels de l'ancienne secrétaire d'État.

Vous vous demandez : le Congrès n'a-t-il rien de plus urgent à faire que de réexaminer ces affaires déjà connues et qui concernent une femme n'exerçant plus aucun pouvoir? Mais ce n'est pas tout : les républicains s'intéressent à une autre affaire impliquant Hillary Clinton, à savoir le dossier Steele, du nom de l'ancien espion britannique embauché par une firme de recherche de Washington dont les services ont été retenus par le Parti démocrate et la campagne de la candidate démocrate en avril 2016.

Avant cette date, un républicain dont l'identité n'est pas connu avait également fait appel à cette même firme pour trouver des informations embarrassantes sur Donald Trump.

Christopher Steele, s'appuyant sur des sources russes, a notamment fait état dans son dossier d'une collusion entre le camp Trump et le Kremlin. Aujourd'hui, Trump et ses alliés affirment que c'est plutôt Clinton et les Russes qui se sont rendus coupables de collusion.

Il ne faut pas voir une coïncidence dans l'explosion simultanée de ces affaires concernant Clinton. Il s'agit d'une stratégie efficace à laquelle collabore Fox News pour contrer ou miner les enquêtes en cours sur les liens entre l'entourage de Trump et le Kremlin, dont celle du procureur spécial Robert Mueller.

Il s'agit aussi d'une obsession maladive de la droite américaine. Celle-ci veut voir Hillary Clinton finir ses jours en prison. Ou sur la chaise électrique, comme l'a laissé entendre hier soir l'ancien conseiller présidentiel Sebastian Gorka sur Fox News. «Si cela s'était passé dans les années 1950, il y aurait des gens accusés de trahison», a-t-il dit (à partir de 5:16 de la vidéo qui coiffe ce billet). «C'est l'équivalent de ce que les Rosenberg ont fait, et ces gens-là ont eu la chaise électrique. Pensez-y, donnez à nos ennemis une capacité nucléaire, c'est ce dont on parle.»

Vous pouvez lire les billets que j'ai consacré au sujet pour comprendre la grossièreté de cette déclaration. Mais Gorka et Fox News sont prêts à tout pour défendre Trump, et cela inclut tenir un discours digne des médias de régimes totalitaires.

P.S. : L'avis de ce juriste et ancien membre de l'administration Bush II sur le dossier de l'uranium est sans doute plus pertinent et convaincant que le mien.